Strasbourg – Comme tu me veux au TNS

À partir du 27 février, le Théâtre National de Strasbourg conviera Stéphane Braunschweig, qui met en scène la pièce de Luigi Pirandello, Comme tu me veux, autour du mystère de l’identité et de la représentation. Le directeur de l’Odéon-Théâtre retrouve l’un de ses écrivains fétiches qui nous transporte à Berlin puis dans le Nord de l’Italie, deux nations humiliées suite à la Première Guerre Mondiale (l’une de par sa défaite, l’autre envahie par les troupes austro-hongroises).

Un photographe italien croise une inconnue dans les rues berlinoises, qu’il pense être Lucia, épouse de son ami Bruno disparue durant la Première Guerre mondiale. Cette dernière accepte finalement de revenir en Italie, mais est-elle vraiment Lucia, devenue danseuse de cabaret et la maîtresse d’un écrivain ? Les questions se bousculent alors et parmi elles : Lucia a-t-elle été enlevée par l’armée austro-hongroise lors de l’invasion du Nord de l’Italie ? « Mais dans un premier temps l’Inconnue refuse de se laisser reconnaître : est-ce que le traumatisme de la guerre l’a rendue amnésique ? », s’interroge Stéphane Braunschweig, « ou est-ce qu’elle ne supporte tout simplement pas l’idée de revenir à sa « vie d’avant », après « tout ce qui lui est arrivé ? » » La pièce se déroule à la fin des années 20, dans un monde en plein bouleversement, rongé par les nationalismes qui s’élèvent notamment en Italie et en Allemagne. C’est d’ailleurs à Berlin que Pirandello écrit le texte de la pièce dont le premier acte met en évidence une capitale décadente. « Ce qui m’a attiré vers cette pièce, c’est la question : que fait-on, dans le “monde d’après”, des traumatismes de la guerre ? », confie Stéphane Braunschweig à Anne-Françoise Benhamou, collaboratrice artistique. « C’est à partir de ces traumatismes historiques, à la fois en les exploitant et en les refoulant, que le régime fasciste va prendre le pouvoir et reconstruire le pays ».

Photo : Simon Gosselin

En refusant de se voir assigner une identité, Lucie/l’Inconnue cherche peut-être à se réinventer, « se recréer à neuf », comme le dit encore le metteur en scène. « L’Inconnue voudrait se vider d’elle-même, de toute son histoire, pour repartir à zéro ». Si l’on n’est jamais certain s’il s’agit ici d’amnésie traumatique ou d’un mensonge, Stéphane Braunschweig explique encore que ce refoulement arrive peut-être en miroir du propre aveuglement de la société italienne face à son histoire et la montée du fascisme avec Mussolini. Claude Duparfait interprète l’écrivain de renom, Carl Salter. « Le théâtre de Pirandello est borderline, toujours à la lisière de la raison », soulignait-il à l’occasion d’un entretien réalisé au TNS par Fanny Mentré en novembre dernier. La pièce évoque donc aussi le théâtre, la représentation. « D’une certaine manière, cela renvoie aussi à la question de l’actrice, de l’acteur, puisqu’on est toujours un peu dans le désir de l’autre, nous autres acteurs dans ce que l’autre projette de nous, ou sur nous… ».

Paul Sobrin

Comme tu me veux, Théâtre National de Strasbourg, du 27 février au 4 mars
https://www.tns.fr/commetumeveux

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