Sophie Pujas/Nicolas Malais – Journaux intimes, raconter la vie

ESSAI

Hoëbeke

Sophie Pujas et Nicolas Malais se penchent sur la pratique diariste et s’intéressent aux pages intimes de plusieurs artistes, écrivains, peintres et même quelques inconnus. Passionnant survol de cette « entreprise de dévoilement de soi », comme l’écrit Sophie Pujas.

Sophie Pujas et Nicolas Malais - Journaux intimes, raconter la vie - Hoëbeke - Chronique par le magazine Diversions

L’ouvrage, qui reproduit pour chaque auteur une page ou deux du journal, ainsi qu’une retranscription pour une lecture plus aisée, se compose de trois grandes sections : Intimités, Regards, Voyages, elles-mêmes subdivisées en thématiques: amour, deuil, solitude… Les journaux intimes nous donnent en effet accès à cet « envers de la vie », comme l’écrit Alice de la Ruelle, épouse d’un colonel plus âgé qu’elle. Raconter la vie est d’ailleurs l’occasion de découvrir ou approfondir les destinées de plusieurs autrices, à l’image de Simone de Beauvoir bien sûr, mais d’autres femmes moins célèbres comme Grisélidis Réal, prenant fait et cause pour les travailleuses du sexe, ou encore Flora Tristan, « à l’avant-garde du féminisme et du socialisme ».

Un tel ouvrage brasse nécessairement plusieurs styles, du plus flamboyant – la description par Flaubert d’une prostituée orientale – au plus prosaïque. Certains journaux, s’ils ne brillent pas d’une écriture marquante, comme celui de Germaine Cornuau qui a vécu les dernières années de la Belle Époque et la Grande Guerre, nous replongent néanmoins dans l’Histoire avec un grand H à travers le quotidien de gens ordinaires, faisant œuvre de mémoire sans même en avoir conscience. Pour les auteurs, le lien avec la création n’est jamais bien loin, comme lorsqu’on assiste dans le journal de Lewis Carroll à la naissance d’Alice au pays des merveilles. Les journaux intimes, ces compagnons « pour ne pas mourir de solitude » comme le confie la poétesse Catherine Pozzi, marquée par sa relation avec Paul Valéry, ne sont pourtant qu’entrevus ici. Philippe Lejeune rappelle de plus dans une postface cette « immense nappe d’écriture souterraine méconnue » que composent ces journaux, un continent que l’APA (Association pour l’autobiographie) se propose d’explorer et de valoriser.

Marc Vincent

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