Gérard Moncomble-Frédéric Pillot – Balbuzar

ALBUM JEUNESSE

Daniel Maghen

Gérard Moncomble et Frédéric Pillot invitent les lecteurs à partir voguer sur les flots avec leur dernier album, une plongée dans l’univers de la flibuste au XVIIe siècle, aux côtés du tonitruant Balbuzar, du nom d’un pirate aussi célèbre que terrifiant (pas étonnant dès lors, que son navire se nomme L’Enragé…). Affublé d’une horde d’oiseaux qui le suit comme son ombre, Balbuzar écume la mer des Sarboucanes et déleste les navires de leurs trésors, jusqu’au jour où un vice-amiral appartenant à la flotte impériale lui lance un défi.

Moncomble-Pillot - Balbuzar - Editions Daniel Maghen

Balbuzar ne constitue pas la première collaboration des deux hommes, qui ont déjà croisé leurs dessins et leurs mots sur la série Moi, Thérèse Miaou, parue chez Hatier Jeunesse. Avec Balbuzar cependant, Gérard Moncomble et Frédéric Pillot changent totalement d’univers. On apprécie en particulier, dans cet album jeunesse d’aventures, le talent de Frédéric Pillot pour insuffler du mouvement (et, disons-le, de la vie) dans ses planches. Les ennemis jurés que sont Balbuzar et le Commodore au nom à rallonge, les fiers vaisseaux des mers, pirates, volatiles et poissons surgissent littéralement des pages, à travers de superbes illustrations (une cinquantaine) qui fourmillent de détails. Si les personnages et les lieux sont inventés, dessins et textes font référence à un XVIIe siècle qui a bel et bien existé, quand les grandes puissances sillonnaient les océans à la recherche de nouvelles terres (la « Nouvelle-Pépite » dans l’album). Les patronymes font sans trop de surprise référence au trône d’Espagne et à ses Conquistadors qui ont colonisé le continent américain.

Quant à la langue, elle est pour le moins fleurie ! Gérard Moncomble s’est approprié le langage haut en couleurs des pirates, à l’image du géant Balbuzar. Le grand ressort dramatique de l’histoire tient d’ailleurs dans l’opposition entre le chef pirate et le vice-amiral avide de reconnaissance, entre l’ordre et la révolte, et interroge notre rapport au pouvoir, d’autant plus à notre époque pour le moins troublée… Et si une rigueur toute militaire règne parmi les troupes du vice-amiral, chez Balbuzar l’heure est plutôt à la « bamboche » (ok le terme est d’actualité mais c’était écrit noir sur blanc, promis !). L’accalmie consécutive à la retraite de l’Enragé sur l’île aux Plumes n’est pourtant que de courte durée. Le Commodore et son armée ont fourbi leurs armes et édifié un cinq-mâts gigantesque affublé de 264 canons, rien que ça, tout à la gloire de l’Empire et de sa souveraine Pépita XIII. Mais l’Empire ne serait-il pas pirate lui aussi, « qui s’approprie mets, forêts, rivières, terres et hommes, pour son seul profit » ? Vaut-il réellement mieux que les pirates ? Et dans l’histoire, qui sont les barbares, finalement ?

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