Laurence Vilaine – La Géante

ROMAN

Zulma

Sortie le 20 août 2020

La Géante, c’est la montagne qu’a toujours connue Noële, et qui a abrité son existence à l’écart du monde, à Fontanalbe dans les Alpes-Maritimes. Elle qui maîtrise la science des plantes qui guérissent, ignore pourtant tout de l’amour charnel et du désir, jusqu’au jour où un couple fait irruption dans sa vie et bouleverse son regard sur le monde (et sur elle-même).

Laurence Vilaine - La GéanteDans ce village de montagne qui s’accroche à ses coutumes et ses croyances, Noële vit avec son frère Rimbaud, un surnom qu’elle lui a donné il y a très longtemps, à l’école, lorsqu’elle découvrait les vers du poète aux semelles de vent. Cependant la vieille femme n’a toujours connu que le relief escarpé de sa montagne, qu’elle a appris à redouter et à aimer. Dans ce village qui a perdu presque tous ses enfants, les quelques habitants qui restent vivent comme hors du temps, loin de cette vie moderne qu’incarnent Carmen et Maxim, tous deux reporters, habitués à voyager autour du monde, à témoigner de ses rumeurs et de ses violences. Maxim, malade, tente de trouver le repos à l’ombre de La Géante. Carmen ne pense qu’à le rejoindre.

Dans son troisième roman, Laurence Vilaine fait entrer en collision deux univers aux antipodes, le monde en vase clos de Noële et son quotidien austère (« le bonheur sera pour plus tard », disait la Tante), l’autre ouvert sur le monde et connecté de Carmen et Maxim. Tous trois ont pourtant beaucoup à s’apprendre.

‘’Les épaules et les poignets souples, elle s’est lentement mise à battre des deux bras bien ensemble, le geste ample, son long manteau ouvert comme une grande et seule aile déployée dans le dos, et elle a tournoyé avec le vent’’

Le roman de Laurence Vilaine navigue entre ces trois personnages, adoptant le point de vue de Noële, témoin malgré elle, à travers des lettres, de l’histoire d’amour de Maxim et Carmen, contrariée par la maladie. Comme dans son précédent roman, La Grande Villa, où ladite maison prenait une place centrale, personnage à part entière de cette variation sur le deuil, la montagne est omniprésente dans La Géante, théâtre du drame qui se joue, lieu du sauvage, un peu magique aussi. Laurence Vilaine caresse ce gros caillou d’une langue à la fois ramassée et sensible, une poésie qui tour à tour s’enracine dans la terre et s’élève vers les cieux. Impossible d’ailleurs, en écoutant chanter ces mots sur un peu moins de deux cents pages, de ne pas penser aux personnages taiseux de Jean Giono dans leur montagne de Haute-Provence, et à ce monde paysan resté proche de la nature. La Géante est un bel hommage au pouvoir des mots, ceux qui consolent, ceux qui nous évadent et peuvent parfois guérir les blessures amoureuses ou familiales.

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