Franz-Olivier Giesbert – Histoire intime de la Ve République

MÉMOIRE/AUTOBIOGRAPHIE

Folio Poche

Parution le 12 juin 2025

Parution du troisième et dernier tome, en format poche, de la grande saga de Franz-Olivier Giesbert autour de la Ve République, parue à l’origine chez Gallimard. Une trilogie motivée par un constat qui n’est pas des plus optimistes, envie d’écrire nourrie par “le sentiment d’être en deuil de la France”, comme le confesse d’emblée le journaliste et romancier.

Franz-Olivier Giesbert - Histoire intime de la Ve République, tome 3 - Folio PocheCette Histoire intime de la Ve République n’est pas un roman, mais elle a pourtant ses personnages et ses rebondissements. Elle est intime car « FOG » y parle aussi de lui, en filigrane des grands événements qui ont émaillé le XXe siècle. L’auteur évoque son enfance et un père américain débarqué en Normandie en 1944. Ce dernier y trouvera des Allemands très énervés et une épouse très engagée à gauche. Giesbert nous conte aussi ses premières années de journalisme, jeune provincial montant à Paris. “C’est à L’Obs que j’apprendrai qu’il n’y a de vérité que dans la contradiction”. Une époque de combats avec notamment Soljenitsyne (il est beaucoup moins tendre avec Sartre et autres “gogos” de la Chine de Mao), ou encore le collègue de FOG, Jean Cau, qu’il réhabilite, “[c]e grand écrivain-journaliste français du XXe siècle”.  

Cette trilogie (et en particulier le troisième tome) est aussi l’occasion pour Franz-Olivier Giesbert de fustiger les “politichiens”, comme disait De Gaulle à la fin de sa vie. Difficile de parler d’intimité avec des animaux politiques comme Mitterrand et Chirac, mais l’intérêt du (bon) journaliste politique est peut-être de savoir faire son miel de ces rares instants où les politiciens quittent le masque, pour provoquer quelques confidences. FOG nous fait visiter les coulisses du pouvoir. Ses lecteurs apprécieront cette façon qu’il a de ne pas toujours se prendre au sérieux, à l’image de Chirac, à l’en croire : “Pendant plus de cinq ans, j’aurai été le caniche de Mitterrand”, lui confiera le fondateur du RPR. Giesbert s’attache en particulier à rendre compte de ses relations avec l’homme de Latche, abordant ainsi les rapports parfois troubles (affaire de séduction aussi) entre journalistes et politiques. On sent une réelle admiration, dans les années 1970, pour cette “gauche, comme une mer qui monte”, même si FOG reste très critique vis-à-vis des choix politiques de Tonton. C’est avec davantage de détachement qu’il évoque le rabelaisien Chirac et Giscard (qu’il compare à… un poulpe), et rappelle cependant que ces deux-là vont malgré leurs différences “réformer la France comme elle ne l’a pas été depuis 1958”.  

Tandis que le tome 1 revient notamment sur le conflit franco-algérien dans les années 1960, qui a encore des conséquences de nos jours comme nous l’a montré l’actualité récente, le deuxième volet se consacre aux Trente Glorieuses, ses innovations tant techniques que sociétales, du TGV à la légalisation de l’IVG. Alors on pourra taxer le journaliste de mâle blanc nostalgique, le regard coincé dans un rétroviseur un peu poussiéreux, mais il n’aura échappé à personne que dès Giscard et 1977, la France va quitter le plein-emploi pour commencer à “dégringoler la pente” entre deux chocs pétroliers. Il est toujours bon de se retourner sur l’histoire de cette Ve République qui essuie aujourd’hui plus que jamais de nombreuses critiques. Le troisième volet développe la crise d’identité française et le développement des communautarismes, tandis que la fameuse “triangulation des idées” de Clinton annonce la troisième voie macronniste. Une chose est sûre : FOG devrait, dans ce tome 3, prendre encore une fois “ses distances avec les moutons de Panurge du journalisme”. 

Dominique Demangeot

 

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