ROMAN
Gallimard
Parution le 1er octobre 2025
Après son recueil de récits autobiographiques Mes vies secrètes (Gallimard, 2018), Dominique Bona se livre encore davantage en écrivant sur la vie et l’œuvre de son père, l’écrivain, historien et homme politique Arthur Conte (1920-2013), qui fut aussi président de l’ORTF.
Le roi Arthur n’est pas une biographie mais, comme Dominique Bona le dit elle-même, “un récit d’enfance” où elle inscrit en parallèle son propre chemin. Une histoire qui commence dans le Sud de la France, son “paradis perdu”, issue d’une famille de “paysans de la vigne” du côté paternel, plus citadine et bourgeoise du côté maternel (Perpignan). Le bien nommé Arthur Conte (que l’on surnommait Roi Arthur) lisait certains soirs les récits du roi des ours à ses enfants et ici, la légende du père se confond avec celle du souverain breton. Mais le legs le plus important d’Arthur Conte reste sans nul doute “le monde imaginaire qu’il a offert sans mesure à mon cerveau d’enfant”, comme l’explique Dominique Bona, cet art de raconter et la place centrale de l’oralité, des fables médiévales à la légende arthurienne.
Nul doute que l’autrice a acquis le goût des mots aux côtés de ce père qui “savait capter la vie”, et à l’université Dominique Bona sera médiéviste, comme une manière de poursuivre ces voyages dans les récits de chevalerie. L’écrivaine n’oublie pas les femmes de l’histoire, comme souvent dans ses biographies. Elle fait non seulement revivre le profond amour qu’Arthur Conte nourrissait pour son épouse, plus discrète (le père occupait tant l’espace), mais s’interroge aussi sur sa propre éducation. “Il m’a fallu des années, trop d’années, pour tenir tête à un homme, oser le contredire fut-ce avec un peu d’humour, ou penser différemment”, admet-elle au détour d’un paragraphe. Dans Le roi Arthur elle évoque aussi La Comtesse de Ségur, Enid Blyton, la série des Fantômette (“un modèle subversif d’émancipation”), George Sand… Mais Dominique Bona revient toujours au père, lui redonne voix au chapitre, d’autant que les livres de ce dernier ont déserté les étagères des bibliothèques au fil du temps.
Dominique Demangeot