Chalon-sur-Saône – Instances 2016

Article publié à l’origine dans le numéro de novembre 2016 de Diversions Alsace – consulter le PDF ici

Le festival Instances accueillera cette année encore des compagnies de France et d’ailleurs, d’Italie notamment avec la Sicilienne Giovanna Velardi qui critique la société patriarcale à l’aune du mythe de Déméter et de sa fille Perséphone. Michele Di Stefano travaille quant à lui autour de la figure de Robinson, telle que l’a dépeinte Michel Tournier dans Vendredi ou les limbes du Pacifique. Diversions vous propose un éclairage sur la création qui ouvrira Instances le 17 novembre, Initio – Opéra chorégraphique de Tatiana Julien autour de la notion de sacré.

Tatiana Julien et Pedro Garcia-Velasquez font se côtoyer cinq danseurs et un chanteur. Au Théâtre national de Chaillot, en novembre 2017, une version pour cinq danseurs, deux chanteurs ainsi qu’un ensemble musical et électronique, sera donnée. À Instances la musique, pré-enregistrée, accompagnera le chant et la danse, conception et mise en scène de l’opéra s’envisageant d’un point de vue chorégraphique. « Construites comme un voyage initiatique, la musique et la danse tentent de renouer avec un sens sacré du monde et du spectacle », explique Tatiana Julien. Initio nous met en présence d’un ermite, qu’interprète le chanteur Rodrigo Ferreira, parti dans une quête tout à la fois physique et intérieure. Initio, pour initiatique, illustre un périple dont le but est aussi l’apaisement de l’esprit. Une «communauté» va se former peu à peu autour de l’ermite parti en quête d’un lieu où il pourra adorer son Dieu. Devenu guide malgré lui, il doit alors affronter une femme, la Sybille, interprétée par Tatiana Julien, un affrontement qui est aussi un jeu de séduction mais dont l’issue sera mortelle pour la femme.

Initio

Initio – Photo : Diversions

À la différence d’un opéra traditionnel, la narration est d’abord ici poétique, les danseurs s’exprimant principalement à travers des chorales. Ce sont l’espace et le temps, le son et la matière qui font sens, « des réalités abstraites et charnelles qui sont propres à la musique et à la danse », mises en parallèle avec « la narration du texte ». Tatiana Julien et Pedro Garcia-Velasquez, respectivement chorégraphe et compositeur, ont fourni un argumentaire au librettiste. Le compositeur a ensuite interprété le livret en musique. La chorégraphe a enfin donné sa version dansée du livret et de la musique. C’est à ce stade que naît l’action scénique, en suivant les indications dramaturgiques de la partition musicale imaginée ensemble lors de la première étape. « Nous voulions travailler initialement sur la poétique du vide », souligne Tatiana Julien. « Non pas un vide négatif, mais un vide très lumineux. Comme la notion de se laisser traverser par l’espace, révéler la présence de l’espace plus que soi, et ainsi faire le vide en soi ». L’ermite, dans sa quête, atteint donc aussi à un cheminement spirituel qui appelle au recueillement et à l’introspection. L’action qui se passe dans une forêt, fait une place importante au végétal, comme un retour à la nature, ainsi qu’à « des paysages instables en permanente transformation par le fait de l’écoute des autres ». Dans cette nature, d’abord vierge, s’élabore une communauté, et « chaque geste à investir est supporté par l’autre, comme si l’on n’était qu’un écho ou l’ombre de quelqu’un », explique Tatiana Julien. « Les actions s’entremêlent, dialoguent sourdement entre elles, ou sont reliées par l’espace ». Peu à peu, chaque sujet aspire à faire groupe, « dépouillé d’une incarnation trop pleine. Il n’est plus au devant de l’écriture, il est atteint, ouvert et perméable. Un état proche du recueillement, une danse de la prière ».

– Paul Sobrin –

Instances 2016, Espace des Arts, Chalon-sur-Saône, du 17 au 23 novembre
www.espace-des-arts.com

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