Besançon – Dernier volet de la résidence de Joëlle Léandre le 23 juin

> Article publié à l’origine dans le numéro de mai 2016 du journal Diversions Besançon – consulter ici

Le 23 juin prochain, dans le hall du Frac Franche-Comté, la contrebassiste Joëlle Léandre mettra un point final à la résidence qu’elle mène à la Cité des Arts depuis octobre dernier, avec le spectacle Fleur bleue – Les Amis de Joëlle, en compagnie du performeur vocal Jaap Blonk et du danseur-chorégraphe Josef Nadj. Invitée par la directrice du Frac Sylvie Zavatta, la musicienne a navigué durant la saison entre les deux structures, entre master classes et concerts. Après 180 albums, « et huit ou neuf de plus qui vont arriver cette année », rappelle l’artiste, la soif de rencontres de Joëlle Léandre est restée intacte.

Derniers réglages avec les élèves du Conservatoire du Grand Besançon, une heure avant le concert du 22 mars dernier -

Derniers réglages avec les élèves du Conservatoire du Grand Besançon, une heure avant le concert du 22 mars dernier – Photo : Diversions

 

Nous rencontrions la musicienne le 27 février dernier, quelques heures avant la performance qu’elle allait donner au Frac en compagnie de la chanteuse américaine Lauren Newton. Quelques semaines plus tard, Joëlle se rendrait au Portugal pour une création dans le cadre du Festival d’Avignon. Sur son carnet de route également, un quatuor en août pour les frères Bouroullec, des designers… Depuis 40 ans, Joëlle Léandre parcourt le monde en tant qu’interprète, multipliant les projets.

« Une résidence c’est une sorte de portrait de l’individu qui est invité. Qu’est-ce qu’il fait, qu’est-ce qu’il dit », lance d’emblée Joëlle Léandre. Si elle a suivi elle aussi une formation classique dans les années 70, l’artiste a très vite pris la tangente, qualifiant elle-même son travail de « fou, éclectique, transversal ». Pour elle, le geste consistant à jouer d’un instrument, celui de danser, celui de peindre ou sculpter, ont finalement beaucoup de choses en commun. Ce sont même pour elle des gestes politiques. Joëlle Léandre côtoie depuis toujours les salles d’exposition, ayant notamment composé une musique pour les suspensions du sculpteur Takis, ayant aussi côtoyé Jean Jourdheuil sur les scènes de théâtre. À la Cité des Arts, la contrebassiste est comme un poisson dans l’eau. « J’ai complètement à voir avec ces lieux multiples, la plasticité du geste, du son, de l’installation ». Il suffisait de la voir évoluer dans son dialogue improvisé avec Lauren Newton le 27 février pour s’en convaincre et vérifier le célèbre adage de John Cage : « Laisser les sons aller où ils vont ». Lauren et Joëlle se connaissent depuis 23 ans, et se croisent régulièrement sur les scènes du monde. Des rencontres comme celle-ci, Joëlle Léandre en fait beaucoup, du jazzman multi-instrumentiste Anthony Braxton au guitariste de Noir Désir Serge Tessot-Gay. « Lauren est de la même tribu que moi. La free music, l’improvisation sans idiomatique. L’improvisation de ce soir, c’est le contenu d’un individu, ce qu’il a à dire dans le temps, ‘‘here and now’’, une urgence ».

Joëlle Léandre en résidence à la Cité des Arts de BesançonEn mars, la soirée fut davantage préparée, Joëlle ayant travaillé avec des élèves du Conservatoire, invitant par ailleurs le danseur chorégraphe Sylvain Groud. Au programme, des pièces autour de la contrebasse, dont Ryoanji, que John Cage écrira pour Joëlle Léandre en 1984. Aux élèves, la contrebassiste a moins enseigné une technique qu’une manière d’être sur scène, et d’approcher l’œuvre de son ami John Cage. « En tant que contrebassiste, je devrais être dans un orchestre car c’est un instrument d’accompagnement. Dès l’âge de 20 ans j’en ai fait un instrument soliste. J’ai provoqué des choses. J’ai écouté le jazz, ou plutôt le free jazz ». Sur son chemin, il y eut donc John Cage, mais aussi les toiles et les écrits de Picabia, les dadaïstes et les surréalistes… « Sans eux, je n’aurais pas eu cette sorte de désir, de besoin ». D’où ce parcours pour le moins anticonformiste, exposé au vent des rencontres, ouvert aux hasards. « On vous appelle pour deux jours à Venise, un petit festival de poésie, vous accompagnez un texte que vous avez découvert cinq heures avant. C’est la joie totale, c’est la jubilation, la création ». La musicienne se définit elle-même comme une nomade, une gitane. On la retrouvera le 23 juin prochain pour une ultime création, « pour la danse, pour le mouvement ». Elle côtoiera, dans le hall du Frac – et peut-être ailleurs aussi -, le danseur Josef Nadj et Jaap Blonk, « pour les textes, les cris. C’est un performeur extraordinaire. Mais à chaque fois, il faut être neuf ».

– Dominique Demangeot –

Fleur bleue – Les Amis de Joëlle, Cité des Arts (Hall du Frac Franche-Comté), Besançon, 23 juin à 20h
www.frac-franche-comte.fr

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