La 13e saison culturelle estivale du Creusot, Les Beaux Bagages, accueillera notamment du 11 au 13 juillet son temps fort des arts de la rue. Cet été, Les Rugissantes voient rouge et proposent une nouvelle salve de spectacles gratuits à ciel ouvert dans la ville.
La Ville du Creusot a convié la population à relever un nouveau défi : aider Les Plastiqueurs à construire des éléments de couleur rouge pour habiller les allées du festival. La compagnie aura en charge la soirée d’inauguration du vendredi 11 juillet, micro-interventions en déambulation et grand bal (rouge comme il se doit) dans la cour du château. Signalons d’ailleurs que Les Girafes de la Compagnie Off seront toutes de rouge vêtues lors de leur défilé du samedi soir… Philippe Berthaud, directeur artistique du festival, a souhaité mêler les registres et les disciplines : théâtre de rue, d’ombres, marionnettes musicales, arts circassiens, stand-up, danse… Le lieu de convivialité sera géré cette année encore par la cie Boumkao au Carré des Dames, pour suivre concerts et animations, se restaurer voire échanger avec les artistes.
Aux Rugissantes, c’est un fait, on aime à défier les lois de la gravité. On se souvient encore de ces deux clowns touchants, l’été dernier, qui tentaient de rallier la lune en bicyclette. Dans Masacrade, Marcel et ses Drôles de Femmes nous jouent une « tragicomédie de voltige suicidaire », résume le festival. La compagnie, qui se revendique de Monty Python, lancera un défi à la mort en tutoyant l’apesanteur sur des trapèzes. Et le trépas qui pourrait s’ensuivre ? Une mascarade ! Ça va voltiger aussi avec les cies En corps En l’air et Les Sanglés, qui dans Gagarine Is Not Dead incarneront l’épopée spatiale en s’aidant d’un pelle araignée de 2 tonnes, pouvant grimper jusqu’à dix mètres de hauteur. Il ne leur en faudra pas plus « pour raconter, depuis le pavé, la grandeur et l’extravagance d’une autre aventure céleste. » Claire Ducreux préfère quant à elle rester bien ancrée au sol. Avec le temps mêle danse et théâtre visuel. La chorégraphe incarne une femme qui vient de perdre la vue, devant réapprendre à se déplacer dans l’espace. Dans Fleurir les abîmes, Claire nous contera la relation unissant une femme et un arbre.

Gagarine Is Not Dead – Photo : Maxime Avon
Les aventures pourront être collectives, à l’image de Morphosis par la cie Moso, installation à laquelle le public pourra prendre part, voire l’explorer lui-même. Hugues Amsler, de La Famille Goldini, sera au contraire seul en scène (ou plutôt seul en rue) pour nous conter le récit de sa propre vie, une autobiographie (1978) dans laquelle l’acrobate jongle entre sa vie intime et une grande Histoire vue sous le prisme de l’économie mondialisée. Il faut dire qu’entre deux prouesses théâtrales, circassiennes ou marionnettiques, les artistes en profitent aussi pour délivrer quelques messages, telle The Company Deracinemoa qui évoquera dans Liechtenstein, La Plénière, l’univers de la finance, lors d’un colloque-spectacle forcément (et férocement) décalé. Quant à la B-side Company (régionale de l’étape, basée en Saône-et-Loire), elle redonnera, avec Les Oubliées, un écho aux femmes que l’Histoire a écartées, même si elles y ont joué un rôle-clé, mêlant œuvre de mémoire et cirque contemporain. Un cirque moderne que l’on retrouvera aussi dans Time to Loop, du Duo Kaos qui nous vient quant à lui d’Italie. Un couple d’acrobates cherchant à atteindre un équilibre relationnel, unis comme les deux roues d’une même bicyclette. Lorsqu’il s’agit de parler d’espoir, les artistes en connaissent décidément un rayon.
– Dominique Demangeot –
Les Rugissantes, Le Creusot, du 11 au 13 juillet
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