C’est bel et bien sous le signe de la nature que se déploie cette année la saison culturelle du Pôle Courbet. Après les « nuances végétales » d’Hélène Combal-Weiss à Flagey et La Truite arrivée en mars dernier à Ornans, deux nouvelles expositions s’ouvrent le 28 juin, l’une autour de la marche au Musée Courbet, et l’autre carte blanche à la plasticienne Eva Jospin à l’Atelier du peintre.

Gustave Courbet (1819-1877)
Le jeune casseur de pierre – Vers 1865 ;
Pierre noire et sanguine ; 31.8 x 23.9 cm ; Ornans, musée départemental Gustave
Courbet – Inv. 1976.1.15 © Musée départemental Gustave Courbet / Photo : Pierre Guenat
Dès le 28 juin, on pourra retrouver au Musée Courbet Paysages de marche. Dans les traces de Rousseau, Courbet, Renoir, Cézanne et les autres. Pour le peintre Pierre-Henri de Valenciennes (1750-1819), « éprouver » un paysage est un préalable avant même d’y poser son regard d’artiste. Plus d’une soixantaine d’œuvres vont documenter ces artistes à l’épreuve du paysage, pourrait-on même dire à l’épreuve du monde. L’exposition va notamment s’intéresser à la figure romantique du « Wanderer » pour qui le périple importe davantage que la destination. Le cheminement est une autre notion clé, lorsque la voie est tracée, et la destination clairement atteignable. C’est le paysage qu’a inscrit le peintre sur la toile qui guide notre regard. Voyage immobile en quelque sorte.
Loin des balises cependant, on peut aussi aller à la dérive sans but précis, quand le voyage devient métaphysique. La marche envisagée comme un parcours initiatique, ou un retour à la nature pour relativiser la place dominante de l’homme dans son environnement. Malgré cette étrangeté, « [p]our peindre un pays, il faut le connaître », dira Courbet. Le peintre ornanais l’a arpenté, son Pays de la Loue, à l’image de John Constable (1776-1837) qui n’a jamais quitté l’Angleterre, préférant lui aussi la marche afin de représenter son Angleterre intime, telle que nul autre ne l’aurait peinte. La marche permet aussi d’opérer une transition entre monde urbain et monde rural, l’occasion de donner corps à cette frontière, à l’image de Georges Michel (1763-1843) qui de Montmartre observe le monde de la campagne, ses champs et ses moulins. Parmi les autres thèmes abordés, l’exposition explorera aussi la « marche laborieuse » liée au travail, de celles et ceux qui n’avaient pas le luxe (et le temps) de s’adonner à une déambulation oisive, ce qu’illustrera notamment Courbet et son Jeune casseur de pierre.
Cet été, il faut aussi aller visiter L’Atelier Courbet à Ornans (aux mêmes dates que Paysages de marche), où l’artiste Eva Jospin installera sa Chambre d’écho. Dans l’atelier construit en 1860, cette dernière a souhaité ménager des résonances entre son geste artistique et celui de Gustave Courbet. Eva Jospin sculpte et brode des forêts, des grottes qui entrent en dialogue avec les œuvres du peintre d’Ornans, à l’image des sous-bois de La Remise de chevreuils.
– Dominique Demangeot –
Paysages de marche. Dans les traces de Rousseau, Courbet, Renoir, Cézanne et les autres, Ornans, Musée Courbet, du 28 juin au 19 octobre
musee-courbet.fr