Paul Auster – Burning Boy, vie et œuvre de Stephen Crane

ESSAI

Actes Sud

Paul Auster a passé une bonne partie de sa carrière littéraire à courir après ses personnages, reconstituer des vies et traquer des fantômes. Avec Burning Boy, il s’est consacré durant trois ans à bâtir une biographie particulièrement détaillée de Stephen Crane, journaliste et auteur américain disparu la première année du XXe siècle, à l’âge de 28 ans.

Paul Auster - Burning Boy, vie et œuvre de Stephen Crane - Chronique par le magazine Diversions

Stephen Crane, « premier moderniste américain », comme le considère Paul Auster, est quelque peu tombé dans l’oubli, dans son pays d’origine et encore davantage dans le reste du monde. Ce natif du New Jersey, comme Auster, est pourtant responsable de l’un des romans les plus percutants au sujet de la Guerre de Sécession, L’Insigne rouge du courage, au succès fulgurant qui a occulté le reste de sa production littéraire et son travail journalistique. Burning Boy est donc une manière de réhabilitation de Stephen Crane, tout du moins une entreprise de redécouverte que l’auteur de Leviathan a prise particulièrement au sérieux. Paul Auster s’est ainsi plongé dans une pléthore de documents : romans de Crane bien entendu mais aussi nouvelles, poèmes, chroniques journalistiques, lettres et autres archives historiques, mais aussi nombreux autres témoignages par celles et ceux qui l’ont côtoyé, aidé, admiré, aimé ou qui lui ont mis des bâtons dans les roues.

Car la brève mais intense carrière de Stephen Crane ne fut pas un long fleuve tranquille. La vie d’un écrivain l’est rarement, Paul Auster en sait quelque chose et délivre ainsi avec Burning Boy une réflexion sur l’acte d’écriture, souvent un véritable sacerdoce. Le parallèle entre Crane et nombre de personnages austériens (la figure du clochard, la maladie…) est aisé. Paul Auster n’oublie rien et passe en revue chaque roman de Stephen Crane, évoque longuement ses autres productions écrites, son style, Crane annonçant, à en croire Auster, des auteurs comme Joyce, Hemingway, Faulkner, la distanciation narrative et « d’innombrables écrivains du siècle suivant. » Quant au style Auster, on le retrouve aussi dans ces quelques mille pages, hommage flamboyant à un auteur qui ne le fut pas moins,
« jeune homme [qui] avait pris feu », à une époque, tout aussi incandescente, entre grandes grèves, révolutions techniques et naissance de la presse de masse.

Dominique Demangeot

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