Bernard Lavilliers – Sous un soleil énorme

CHANSON

Romance Musique/Universal

Voilà 53 ans que Bernard Lavilliers nous fait voyager en mots et en musique. Ce vingt-troisième album ne déroge pas à la règle entre chronique sociale et poésie, état des lieux global et confessions intimes. Avec un cœur énorme.

Bernard Lavilliers - Sous un soleil énorme - Chronique par le magazine Diversions

Début septembre on découvrait un premier extrait, Le cœur du monde qui ouvre aussi ce nouvel album. Quatre ans après 5 minutes au paradis, Lavilliers prend une nouvelle fois le pouls de la planète. Le constat est nécessairement amer, « la haine, la peur, la mort » devenus l’habitude, nos « désirs brûlés », pas très réjouissant tout ça, et si vous y ajoutez le climat qui dévisse… Beautiful Days plonge aussi dans l’actualité brûlante, une mélodie douceâtre et des paroles qui décochent leur flèches sur notre France en marche. « Jamais élus, toujours choisis / C’est le règne des petits marquis ». Lavilliers enfonce le clou plus loin avec la chanson Corruption.

Mais Sous un soleil énorme a aussi sa part d’ombre Avec Je suis d’elle, Bernard évoque la ville des origines, invitant les deux jeunes frangins au nom prédestiné lorsqu’il s’agit d’évoquer l’ancien bassin houiller, Terrenoire, Stéphanois eux-aussi. « Il fallait que je parte », chante Lavilliers. Il est parti comme en témoigne le fils spirituel de Blaise Cendrars avec le titre Voyages. Difficile d’ailleurs d’envisager un disque de Lavilliers sans évoquer l’Amérique latine. Cette fois, il a marché seul dans Buenos Aires qu’il a récemment découverte, témoignant des conditions de vie des porteños. Toi et moi aussi se déroule sur des rythmes latins, mais pour parler cette fois du confinement du point de vue du couple, « ce virus invisible entre toi et moi ».

Lavilliers s’est entouré une fois encore de Romain Humeau du groupe Eiffel à la réalisation, même si l’album n’est pas le plus rock du Stéphanois. Les couleurs latines côtoient quelques titres d’influence plus pop et acoustiques, croisées à des teintes classiques. On entend d’ailleurs les cordes expertes du Quatuor Ébène sur plusieurs titres. Saluons le travail d’arrangements du jeune Victor Le Masne (Juliette Armanet, Gaspard Augé). Au nombre des invités, on trouve également une équipe hétéroclite et multigénérationnelle formée par Gaëtan Roussel, Izia, Éric Cantona et la dernière sensation électro pop du moment, Hervé. La joyeuse troupe reprend Qui a tué Davy Moore ?, chanson de Bob Dylan dans son adaptation française par Graeme Allwright, western-enquête au galop où chacun/chacune incarne un personnage. Le disque se termine encore sur un « Ailleurs », plutôt crépusculaire celui-là, ambiance ouatée. Un texte né suite à un problème au palpitant qui a envoyé notre Bernard dans des couloirs d’hôpital. Il attendait que la mort le frôle depuis longtemps, ce fut le cas en 2019, l’artiste relatant son expérience dans une lumière froide contrastant avec ce soleil menaçant de nous réduire en cendres. Mais le chanteur ne semble pas encore décidé à refermer son carnet de voyages et on le retrouvera en 2022 pour une tournée française.

Dominique Demangeot

bernard lavilliers, quatuor ébène, romain humeau, sous un soleil énorme, victor le masne

Powered by WordPress. Designed by Woo Themes

WordPress SEO fine-tune by Meta SEO Pack from Poradnik Webmastera