Héléna Villovitch – Et si on mangeait les Legrand ?

CONTES POUR ADULTES

Les Petits Matins

Et si on mangeait les Legrand ? est un conte, ou plutôt une série de contes imaginés par l’auteure et illustratrice Héléna Villovitch. Des histoires sanglantes à ne pas mettre nécessairement entre toutes les oreilles, même si Héléna confie que ces contes ont plu à de jeunes lecteurs…

Héléna Villovitch - Et si on mangeait les Legrand ? Paru chez Les Petits Matins - Chronique du magazine Diversions

Au sein de la bande des sept petits monstres que nous présente Héléna Villovitch, on rencontre par ailleurs un chien, Manu, et une jeune licorne du nom d’Esther dont la corne mal placée lui cause un gros défaut de prononciation. Chaque enfant – ou considéré comme tel – possède une particularité que l’on retrouve au fil des neuf histoires du recueil. Il y a Christian, Bristian et Fristian, trois gamins plutôt musclés, Milo, une fillette et Misterboy, jeune garçon aux « canines fort pointues » qui aime construire par ailleurs de petits objets inutiles. Nos jeunes héros se retrouvent confrontés à la problématique de la disparition (inexpliquée) des parents. Pas étonnant alors qu’ils essaient de nouer contact avec d’autres adultes, comme les Legrand. Les Legrand, écrit Héléna Villovitch, ce sont les autres, « tous les gens qui ne sont pas comme nous ». Cette « forme de vie […] qui a si peu évolué depuis la préhistoire » n’a de cesse de fabriquer des papatos, la nourriture préférée des sept jeunes personnages qui vont leur en faire voir pire que pendre.

Les Legrand sont des sortes de Shadoks, communauté d’êtres dont on ne sait même pas s’ils sont des hommes, qui se laissent martyriser et même massacrer par les enfants habitant sur la colline. Et à l’instar de la célèbre série animée, le livre d’Héléna Villovitch surfe sur l’absurde et l’ironie. L’auteure s’offre même un caméo, surgissant dans le texte pour y afficher ses attentions, divinité omnisciente régissant ce modèle réduit de notre propre monde qui s’avère, à bien y réfléchir, presque aussi cruel, et souvent dénué de (bon) sens. Puisqu’il est difficile pour les enfants, en l’absence d’une quelconque autorité, de distinguer le bien du mal, leur vient alors une forte propension à semer le chaos et à dévorer chatons et poussins, entre autres créatures vivantes. Et si on mangeait les Legrand ? évoque aussi à mots couverts, tour à tour l’esclavage, la violence inhérente à nos sociétés et les outrages faits à l’environnement (imaginez un peu, dans les champs ne poussent… que des boulons). Nos sept protagonistes semblent même expérimenter la sacro-sainte politique. « Chacun allait et venait en essayant de convaincre les autres que la Vérité énoncée dans son livre était la seule Vérité vraie. » Ça vous rappelle quelque chose ?

Dominique Demangeot

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