POP ROCK
Partisan
Les valeureux Irlandais sont de retour dans nos bacs et listes de streaming avec un nouvel album conçu entre Dublin et Londres (où le groupe réside désormais), dans la continuité des deux précédents opus mais qui a la particularité de proposer, au milieu d’un post-punk efficace, quelques envolées électroniques/indus.
Pour ce troisième album, Fontaines D.C. s’éloignent en effet des couleurs garage brutes qu’ils avaient proposées sur leur premier disque en 2019, Dogrel. Et cela peut s’observer dès le premier titre, l’imprononçable n ár gCroithe go deo (que l’on traduira par « Pour toujours dans nos cœurs ») avec ses subtils arrangements vocaux et ses allures de requiem. Quant au titre de l’album, il s’agit d’un juron que l’on entend communément en Irlande du Nord. Si l’on retrouve les climats sombres de la formation, l’influence de la new wave est également très présente, un retour aux années 80 notamment perceptible sur I Love You, ou le single Jackie Down The Line. Quand le tempo ralentit, c’est pour produire la magnificence pop de Big Shot et Bloomsday. Le groupe installe ses décors en contre-jour et ses textures de guitares qui touchent juste. Deux, trois accords suffisent pour pauser les bases. Les arrangements et le chant habité de Grian Chatten font le reste. Des rythmes hypnotiques qui feront indéniablement penser à Joy Division, comme lorsque How Cold Love Is est répété à l’envi sur le titre éponyme.
The Couple Across The Way est un étonnant accordéon-voix, hommage à la musique irlandaise, d’autant que le groupe a failli accompagner la sortie de Skinty Fia d’une deuxième galette de reprises de chansons traditionnelles. L’autre tournant musical, c’est l’apport de l’électronique sur la chanson éponyme, incursion dans le rock indus, voix perdue dans la réverb’ et un dense grillage de guitares que l’on peut rapprocher de la dernière piste, Nabokov. Skinty Fia évoque notamment le thème de l’exil comme sur Roman Holiday. Dans la lignée des deux premiers albums, Skinty Fia assume la filiation avec The Cure ou The Smiths, et avance également un fort sentiment patriotique, lorsqu’il rend hommage à l’écrivain James Joyce (Bloomsday) ou évoque la mondialisation qui n’épargne pas l’Irlande (Nabokov).
– Manu Gilles –