Besançon – Désobéir au CDN du 20 au 22 mars

Article publié à l’origine dans l’édition février 2018 du journal Diversions – consulter le PDF ici

Après No(s) révolution(s) en 2016, Anne Monfort retrouve la thématique de l’engagement en s’intéressant cette fois à la notion de désobéissance civile. Adaptant un texte de Mathieu Riboulet, disparu récemment, elle nous fait voyager dans l’Italie, la France et l’Allemagne des années 70, à l’époque de luttes incarnées par les années de plomb et la Fraction Armée Rouge. Des exemples de désobéissance civile dans l’Europe d’aujourd’hui sont également évoqués pour aborder les rapports entre l’éveil d’une conscience politique et le surgissement de la violence. Cette dernière peut-elle être justifiée ?

Désobéir du 20 au 22 mars au Centre Dramatique National Besançon Franche-Comté - Photo : DR

Désobéir du 20 au 22 mars au Centre Dramatique National Besançon Franche-Comté – Photo : Luc Arasse

« 2015. Comme de nombreuses personnes, je signe la pétition de soutien à Rob Lawrie, qui a tenté de sauver une petite fille de la jungle de Calais », explique Anne Monfort. « Comme beaucoup de mes concitoyens, je m’interroge, intimement, sur notre vivre-ensemble, sur les lois mal faites, qu’on n’a pas envie de respecter ». À la violence réelle, la metteure en scène oppose le poétique, « contrastant avec des effets de réel soudain ». Anne Monfort mêle l’écriture de plateau et le théâtre documentaire, répartissant le récit autofictionnel de Mathieu Riboulet entre trois voix, et une reconstitution documentaire du procès de Rob Lawrie en 2015, en collaboration avec Lucile Abassade, l’avocate de ce dernier. Un atelier avec les étudiants du master affaires publiques de l’IEP Paris a été également mené en amont. D’autres sources d’inspiration pour l’improvisation ont été prises, dont des films de Jacques Rivette traitant de communautés secrètes, ainsi qu’un texte de Henry David Thoreau, l’un des grands théoriciens américains de la désobéissance civile au XIXe siècle.

Comme pour No(s) révolution (s), Anne Monfort a souhaité également recourir à des sources picturales, « des tableaux, des réminiscences constituées par les corps des acteurs, la scénographie et le dispositif sonore qui composent une approche immersive de l’image », explique la metteure en scène, comme par exemple l’œuvre de Caspar David Friedrich, La mer de glace et la série de photographies de glaciers de Jacques Pugin, afin de mêler histoire politique et histoire de l’art. La musique de Purcell intervient durant la pièce, tandis que le texte de Mathieu Riboulet a été découpé « en créant des échos, des reprises, des refrains ». La pièce Désobéir évoque cette violence qui trouve notamment une voix dans l’action politique, et dont on trouve l’origine dans les années 70, mais aussi cette « communauté de désobéissants où l’on établit des principes, les enfreint, où les réseaux d’alliance changent », comme le dit encore Anne Monfort. « On s’interroge sur ce « nous » qu’on voudrait créer hors de l’état pour inventer peut-être paradoxalement ensemble un état plus juste ».

– Marc Vincent –

Désobéir, Centre Dramatique National Besançon Franche-Comté, du 20 au 22 mars – www.cdn-besancon.fr

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