Zoe Brisby – Hollywoodland

ROMAN

Albin Michel

Parution le 26 février 2025

Actrice de théâtre sur la scène new-yorkaise, Peg Entwistle fait le grand saut (ce ne sera pas le seul) et part pour Los Angeles tenter sa chance au cinéma. Dans son dernier roman, Zoe Brisby évoque à nouveau une période clé de l’histoire des États-Unis, nous transportant cette fois dans les années 1920, alors qu’Hollywood et ses studios sont en pleine ascension.

Zoe Brisby - Hollywoodland - Albin Michel - Chronique dans le magazine Diversions“Los Angeles et ses promesses”… Les sirènes des studios attirent des milliers de jeunes femmes rêvant de faire carrière sur grand écran. Il y a Maggy, Joyce, Wanda. Certaines deviennent les meilleures amies de Peg, car chez Zoe Brisby, la sororité n’est pas un vain mot. D’autres vont lui mettre des bâtons dans les roues. Il faut s’entraider dans un monde encore essentiellement dirigé par les hommes, qui édictent les règles et abusent de leurs positions. La romancière s’est inspirée de la vie de Peg Entwistle, jeune actrice au destin tragique, trouvant la mort en sautant dans le vide depuis la fameuse pancarte plantée sur les collines d’Hollywood. Commence alors un compte à rebours fatal, les 93 jours menant au décès de la jeune femme. Selon Joe, jeune fermier venu tenter sa chance à Hollywood, “le panneau aux lettres géantes n’est qu’une immense publicité”. Pourtant les studios représentent pour beaucoup l’espoir d’une vie meilleure après le Krach boursier de 1929. 

Comme dans ses romans précédents, Zoe Brisby s’intéresse à la face cachée du rêve américain. “Derrière l’aspect bucolique des collines de Hollywood se cachent des ronces”, et à la fin des années 1920, la Grande Dépression a précipité des millions d’Américains dans la misère. La Californie n’en devient que plus attirante pour quiconque souhaite repartir de zéro. L’autrice s’est beaucoup documentée pour refléter le plus fidèlement possible l’atmosphère de l’époque, du fonctionnement des studios à l’arrivée prochaine de la censure avec le fameux Code Hays stipulant que “aucun film ne sera produit qui porterait atteinte aux valeurs morales des spectateurs”. Pour les censeurs bas-du-front de l’époque, l’homosexualité n’est qu’une “perversion sexuelle”. Mais en matière de morale, les pontes du cinéma hollywoodien se posent là. Zoe Brisby nous présente une facette peu reluisante du milieu avec des réalisateurs et des producteurs qui riment avec prédateurs, face à des starlettes exploitées et interchangeables. Ces 93 jours qui séparent la tristement célèbre “Hollywood Sign Girl” de sa mort, Zoe Brisby les relate sur un rythme effréné, montrant à la fois la mécanique (sociale, culturelle) implacable qui y mène, tout en explorant quelques lieux mythiques d’Hollywood, ses fameuses collines, les fêtes des studios puisque (tout de même) “la vie est parfois plus belle que le cinéma”. 

Marc Vincent

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