Thomas Snégaroff – Les vies rêvées de la baronne d’Oettingen

ROMAN

Albin Michel

Parution le 3 janvier 2024

Appelez-la Elena, Hélène, Roch, Léonard ou François. La Baronne d’Oettingen fut romancière, poète, peintre, muse (elle inspirera à Apollinaire le personnage de la princesse Nathalie Teleschkine dans La femme assise), mais surtout figure majeure de la bohème parisienne avant la Première guerre mondiale. Thomas Snégaroff redonne vie à la rousse flamboyante le temps d’un roman, ayant découvert par hasard, dans le bureau de son arrière-grand-père imprimeur d’art, des documents la concernant.

Thomas Snégaroff - Les vies rêvées de la baronne d'Oettingen - Chronique dans le magazine DiversionsLe journaliste et historien brosse le portrait d’une femme qui a su rêver ses vies, tant il est vrai « [q]ue la vie est grande pour ceux qui savent s’en inventer plusieurs », souligne le narrateur qui suit les péripéties de l’extravagante baronne, depuis son enfance en Ukraine, lorsqu’elle s’appelle encore Elena Miontchinska, jusqu’à son déclin et sa disparition dans la misère à Paris en 1950. Élevée par une mère distante, Elena/Hélène arrive en Europe en compagnie de son présumé frère (cousin ?) Sergueï/Serge, peintre et décorateur, tous deux vivant de leurs rentes. La jeune femme rencontre Apollinaire, Max Jacob, le Douanier Rousseau, Picasso, Modigliani…une avant-garde qui s’incarna notamment dans la revue des Soirées de Paris, que la baronne reprend en 1913.

Le roman offre une plongée passionnante dans une époque où les arts connaissent une véritable révolution. « L’objet peut bien être le même qu’hier, il prendrait désormais un autre sens ». En femme curieuse et libre (voire libertine), Hélène ne craint pas la nouveauté, même si elle appartient elle-même à une espèce en voie de disparition (l’aristocratie russe, ce « monde à jamais perdu »). Si son statut d’aristocrate est l’antithèse du futurisme, tout acquis à la vitesse et au progrès (« vivre sans nostalgie »), Hélène promeut pourtant les avant-gardes, mécène d’artistes dans le salon qu’elle tient boulevard Raspail. Lorsque Modigliani peint son portrait en 1917, la toile agit comme « un rayon X au cœur de l’âme blessée », ce que Thomas Snégaroff a également su faire dans une langue exquise, dépeignant la baronne de son aube à son crépuscule, en équilibre entre gloire et tragédie.

Dominique Demangeot

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