The Black Keys – Delta Kream

BLUES

Nonesuch/Warner

Depuis un moment déjà, on croise Dan Auerbach derrière sa console, réalisant des disques pour des pointures comme Dr John, The Pretenders ou de jeunes pousses prometteuses. Mais avec le batteur Patrick Carney, le chanteur guitariste a surtout formé l’un des duos blues rock les plus émoustillants de ces vingt dernières années. Aujourd’hui The Black Keys réinvestissent les bacs avec un disque qui revient à leurs racines blues, enregistré à la maison, dans le studio d’Auerbach à Nashville.

The Black Keys - Delta Kream - Chronique de l'album

À l’heure où l’on célèbre le cinquantenaire du dernier album des Doors avec Morrison, le duo originaire d’Akron, Ohio ouvre son disque avec Crawling King Snake, l’un des tubes de LA Woman, mais à la base surtout une reprise de John Lee Hooker. Premier constat : tout cela sonne très live, et on a bien raison de le penser car l’intégralité des morceaux ont été mis en boîte en deux jours. Ce côté live et franc du collier, avec les amplis qui ronronnent et qui soufflent, c’est peut-être le plus grand atout du disque, à une époque où les concerts se font bien rares. Parce que l’auditeur a besoin de musiques qui transpirent, qui vivent. Delta Kream, comme le suggère son titre, vit indéniablement. Il est un hommage vibrant au blues du Mississippi, et le duo, rejoint pour l’occasion par un second guitariste, Kenny Brown, et le bassiste Eric Deacon, balance furieusement tout au long de ces onze titre (+ une version éditée de Crawling… à la fin). Auerbach a déclaré un jour s’intéresser davantage à la manière dont une chanson groove qu’à ses solos de guitare, et cela s’entend indéniablement sur Delta Kream.

À considérer le CV des deux invités venus prêter main forte aux Black Keys, on se dit qu’ils n’ont pas fait les choses à moitié. Brown et Deacon sont des sidemen de luxe qui ont accompagné Junior Kimbrough (dont on trouve le plus de titres sur Delta Kream) et RL Burnside. La slide de Brown fait des merveilles sur plusieurs titres, comme Poor Boy a Long Way From Home, et Do The Romp, qui figurait sur le premier album des Black Keys (un titre de Kimbrough) prend évidemment une autre dimension quand le guitariste qui a accompagné le bonhomme est présent. L’habité Stay All Night rappelle les errances blues des Doors, et une guitare dans chaque côté de la stéréo nous enserre les tympans sur Coal Black Mattie… Dire que les deux musiciens se font plaisir est un euphémisme. Dans la grande tradition du Delta Blues et de ses quelques chamans (Hooker, McDowell, Burnside…), la musique de Delta Kream favorise la transe, comme c’est le cas sur le « tube » de l’album, Going Down South, avec son accord hypnotique et la voix perchée d’Auerbach. Plongée dans le Mississippi Hill Country Blues réussie pour The Black Keys, parenthèse enchantée pour les deux bonshommes que l’on espère tout de même réentendre bientôt accompagnés de nouveaux morceaux.

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