La Saline royale est célèbre pour son architecture néo-classique et sa disposition en demi-cercle. Ce que l’on sait moins, c’est que son concepteur Claude-Nicolas Ledoux avait pour ambition, dans le cadre de son projet de ville idéale, d’entourer la saline d’un cercle complet. Plus de 240 ans plus tard, les travaux visant à faire sortir de terre le deuxième cercle qu’avait imaginé Claude-Nicolas Ledoux ont commencé à Arc-et-Senans.
Lorsque Louis XV lui passe commande d’une nouvelle manufacture royale, l’architecte imagine une forme en demi-cercle avec pour ambition de compléter cet hémicycle par la ville idéale de Chaux. Ce projet de ville à la campagne, comme un retour à la nature, ne sera cependant jamais réalisé. Près de deux siècles et demi avant la vague des écoquartiers et autres préoccupations environnementales, Ledoux appelait donc de ses vœux une « ville verte », avec jardins potagers et bâtiments intégrés dans l’environnement naturel ! Autre trait particulièrement moderne : il envisageait la ville dans sa globalité avec ses différentes fonctions dépendantes les unes des autres.
Faire sortir de terre ce Cercle immense est l’expression qui convient, car la Saline royale va s’appuyer sur son expertise en matière d’espaces verts, en lien avec son Festival des Jardins. L’objectif n’est bien sûr pas de créer une ville de toutes pièces comme l’ambitionnait Claude-Nicolas Ledoux, mais bien un îlot de biodiversité « unique dans l’Est de la France », comme le propose l’équipe de la saline, « en positionnant la Saline royale comme un laboratoire des métiers du paysage alliant expérimentation, économie circulaire, pédagogie et haute qualité environnementale, en partenariat avec la Fédération Française du Paysage. »
À l’issue des travaux, les jardins du cercle d’origine, jadis éphémères, deviendront permanents et pourront être parcourus tout au long de l’année, répartis en quatre triptyques. Sur près de 7000 m², ils traiteront de thèmes divers comme la graine, le sol, le climat… Mais la dimension pédagogique demeurera centrale à la Saline royale, et ce sont également 13.000 m² de jardins pédagogiques qui constitueront un terrain d’expérimentation et d’apprentissage pour les élèves-paysagistes, dans le nouveau demi-cercle. Derrière ces jardins, une seconde demie-couronne accueillera, dès juin 2022, les nouveaux jardins éphémères. Les jardins seront créés notamment en collaboration avec les paysagistes Gilles Clément, Vincent Mayot et Leïla Toussaint. Le concept de « jardin planétaire », cher à Gilles Clément, sera notamment exploré, consistant à « produire avec le vivant, et non contre lui », comme l’explique la Saline royale. Une prairie fleurie centrale mènera aussi à un jardin d’eau et une « promenade comestible » sera également mise en place. Les travaux de terrassement ont été lancés le 20 octobre dernier, consistant en un décapage de la terre végétale. Citons encore la création de deux mares destinées aux amphibiens, et la plantation d’arbres et de fruitiers. En tout, 400 arbres seront plantés. Les établissements d’enseignement professionnel liés aux métiers du paysage seront bien sûr impliqués. La Saline royale vous donne d’ores-et-déjà rendez-vous en juin 2021 pour découvrir les nouveaux Jardins en mouvement dans le demi-cercle d’origine. Quant au nouveau demi-cercle, il sera inauguré en juin 2022, avec une édition du Festival des Jardins éphémères consacrée au travail de Gilles Clément.
L’exposition Destins de cirque se poursuit à la Saline royale !