Belfort – La Question au GRRRANIT-SN

En août 2020, Stanislas Nordey était sur le plateau du Grrranit en compagnie de Laurent Meininger, pour préparer la pièce que met en scène ce dernier, une adaptation de l’ouvrage La Question, publié par Henri Alleg en 1958. Cet ancien détenu d’une prison d’Alger y évoque la torture pratiquée par l’armée française dans les geôles algériennes.

Laurent Meininger

Pourquoi avoir souhaité adapter pour la scène ce livre d’Henri Alleg ?
Ce qui me passionne d’abord c’est l’homme, son parcours, sa vie, son engagement. Il appelle ce texte écrit « le combat » et c’est ça qui est beau. Comment cet homme va, comme beaucoup d’autres, tester la torture, la dénoncer, pour lui, pour les disparus, pour ceux d’aujourd’hui, pour ceux de demain.

Malgré sa noirceur, La Question est donc aussi un message d’espoir ?
Oui cela parle aussi de comment on résiste à l’oppression, des convictions, des valeurs et de la volonté, qui elle ne peut pas mourir, qui dépasse l’homme en réalité. Cela parle de quelque chose d’obscur mais c’est un texte qui est paradoxalement joyeux, qui donne de l’espoir, qui nous dit que c’est faisable, qui nous dit aussi quelles sont les formes d’oppression aujourd’hui, comment on y résiste. La question de l’inquisition se pose toujours en Syrie, en Turquie.

Photo : Diversions

Stanislas Nordey

Comment se passe cette résidence belfortaine ?
Je suis très heureux de revenir à Belfort que j’ai bien connu au moment d’Henri Taquet (ancien directeur de la Scène nationale, NDLR). C’est le moment où je commençais à faire du théâtre. J’ai de très bons souvenirs dans cette maison.

Qui était Henri Alleg ?
Henri Alleg était journaliste, directeur d’Alger Républicain. Quelqu’un qui, parce qu’il témoigne, parce qu’il écrit, fait entendre ce qu’on essaie de cacher, va être emprisonné, torturé et va ensuite tout naturellement témoigner.

Vous avez découvert ce texte très jeune…
Je l’ai lu quand j’avais 14, 15 ans. C’est un texte de formation véritablement, comme certains lisent Camus. C’est un texte qui m’a construit dans mon regard sur le monde, ce n’est pas un texte politique au sens réduit, mais qui fait partie de ce qu’on appelle les récits manquants. En France notamment, il y a toute une partie de notre Histoire qui n’est pas comprise, qui n’est pas racontée, est encore sous le boisseau. C’est un texte qui raconte que parfois au nom de la République, au nom de la France, on commet des choses qui ne devraient pas être commises, et on les commet en notre nom. C’est comme ça que se termine le texte : « J’écris ceci pour que vous sachiez que tout ce que je viens de raconter était de l’ordre de l’atroce, de l’innommable et se fait en votre nom, Français, et porte atteinte à vous-mêmes. »

Vous espérez en particulier qu’un public jeune voie la pièce…
Le texte est court. C’est une écriture extrêmement concise, qui va à l’essentiel, jamais dans la complaisance, jamais dans la plainte. J’espère voir de jeunes gens dans la salle parce que c’est ce type de texte qui vous permet de regarder autrement autour de vous, et de pouvoir vous forger un regard neuf et actif sur le monde.  

Propos recueillis par Caroline Vo Minh

La Question, Belfort, Le Grrranit, 11 mai à 20h – grrranit.eu

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