Philippe Delerm – New York sans New York

Seuil

Sortie le 4 février 2022

L’auteur de Je vais passer pour un vieux con se fait cette fois passer pour un guide touristique à New York. Sauf qu’il n’est pas vraiment question de tourisme dans cet ouvrage à paraître le 4 février au Seuil. Philippe Delerm pousse même le vice jusqu’à n’avoir jamais mis les pieds dans la Grosse Pomme ! C’est avant tout son New York très personnel qu’il nous fait découvrir dans ce savoureux recueil de textes.

Philippe Delerm - New York sans New YorkNew York, Philippe Delerm l’a d’abord découverte, enfant, sur une affiche punaisée au mur de sa classe. Il la retrouvera plus tard, comme on retrouve une vieille et appréciée connaissance, sur des photographies, dans des films et des livres ou encore sur des pochettes de disques. C’est par ces biais divers que l’écrivain va se construire sa propre ville de New York, cité qui, plus que toute autre, façonne les imaginaires depuis quelques siècles. New York, Philippe Delerm la rêve, la fantasme aussi parfois, fort du postulat que « le vrai monde est celui des images et des livres ». Whitman, Melville, Dickens lui ont mieux fait ressentir New York, bien mieux que tous les séjours qu’il aurait pu y effectuer. C’est pourtant bien à une virée new-yorkaise, rythmée et bigarrée, que nous convie Philippe Delerm, du Woolworth Building, « [p]lus haut édifice habité du monde jusqu’en 1929 » jusqu’aux regrettées tours jumelles, des « tenements », ventres de la ville où s’entassent les couches populaires, jusqu’à Wall Street, antre du capitalisme mondialisé.

De New York, ce « tout qui s’échappe sans cesse », Philippe Delerm propose une vision fragmentaire et subjective. L’écrivain a touché du doigt sa réalité sociale dans West Side Story. Et s’il « invente peut-être New York », il n’en élude pas certaines réalités. À l’heure où les voyages sont surtout des occasions de mitrailler à tout va pour alimenter son compte Instagram (et un certain narcissisme), Philippe Delerm opte au contraire pour la prise de distance et évite ainsi toute déception, plongeant dans des impressions fugitives d’une ville qu’il n’a (jusqu’à présent du moins) jamais visitée. Nostalgique, il semble regretter le temps où « les images étaient rares, et c’était bien ». Ainsi New York sans New York peut aussi être lu comme un anti-guide touristique, une réflexion sur le tourisme de masse, de la part de ce « très peu voyageur » qu’est Philippe Delerm.

– Dominique Demangeot –

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