Ornans – Jean Ricardon- Le sens profond du blanc au Musée Courbet

Cet hiver, le Musée Courbet accueille des œuvres du peintre franc-comtois Jean Ricardon. Professeur à l’école des beaux-arts de Besançon de 1954 à 1989, travaillant également dans son petit atelier de la capitale comtoise, l’artiste laisse une œuvre où le blanc occupe une place centrale, entre figuration et abstraction.

Jean Ricardon, Autoportrait – 1949
Huile sur toile, 32,2 x 26,6 x 4,9 cm
(encadrée) – France, collection privée – Dépôt au musée des Beaux-Arts et d’Archéologie, Besançon © Département du Doubs – Photo Lionel Georges

L’exposition à découvrir à Ornans est l’occasion de revenir notamment sur les liens entre Jean Ricardon et la scène artistique nationale. Jean Ricardon – Le sens profond du blanc convoque ainsi d’autres créateurs de la même génération comme Pierre Soulages. « Cela va nous permettre de mieux comprendre la spécificité de l’art abstrait de Jean Ricardon », explique le directeur du Musée et Pôle Courbet, Benjamin Foudral. L’exposition reviendra ainsi sur le cheminement du peintre vers le blanc, un « blanc-matière » qui se fait jour dans son œuvre à partir de la fin des années 50, l’artiste ayant été marqué par les paysages enneigés de son Jura natal. Si Jean Ricardon s’est défini toute sa vie comme un artiste figuratif, partant d’un sujet précis (souvent des visages), on pourra aussi rapprocher sa démarche du cubisme, puisqu’il « va peu à peu schématiser pour arriver à une abstraction totale. »

L’exposition présentera également son projet de vitrail pour l’abbaye cistercienne d’Acey dans le Jura. « C’est un projet assez pionnier car il va concevoir un travail de verre monobloc, une véritable prouesse technique », souligne Benjamin Foudral. Une création (en compagnie du maître-verrier Parot) qui s’inscrit dans un courant français d’artistes issus de l’abstraction, à l’image de Pierre Soulages ou encore Aurélie Nemours, qui ont proposé des créations sur vitraux dans le même esprit. Sur ses vitraux en noir et blanc, Jean Ricardon joue avec les matières et les textures : verres opaques, opalescents, translucides, un nouveau support pour l’artiste auquel il va se consacrer avec passion. Chaque vitrail possède une symbolique précise qui découle des conversations du peintre avec les moines cisterciens. On pourra retrouver des essais à échelle 1, mis en regard de travaux sur vitraux d’artistes contemporains français.

Jean Ricardon, Zélie et Juliette – Vers 2010 – Huile sur contreplaqué, 100,2 x 80 cm – France, collection privée – Dépôt au musée des Beaux-Arts et d’Archéologie, Besançon © Département du Doubs – Photo Lionel Georges

Une section sera par ailleurs consacrée à une mise en parallèle entre Courbet et Ricardon. En arrivant au musée, Benjamin Foudral avait découvert le travail de Jean Ricardon à travers un portrait que l’artiste franc-comtois avait peint de Gustave Courbet, une œuvre bien différente de son style habituel. C’est cette découverte qui avait incité le directeur du Musée Courbet à étudier plus avant le travail du peintre né à Morez, dont le travail possède une dimension spirituelle conséquente. « Quand je suis allé voir le fonds d’atelier de l’artiste, on a découvert que Jean Ricardon préparait en secret une variation autour d »’Un enterrement à Ornans » de Courbet, une réinterprétation abstraite de l’enterrement, mais dont on reconnait certains symboles et objets », précise Benjamin Foudral. « On a découvert que la figure tutélaire de Courbet était beaucoup plus importante pour lui qu’on ne le présageait, ce qui rend doublement légitime cette exposition. »

– Propos recueillis par Dominique Demangeot –

Jean Ricardon (1924-2018) – Le sens profond du blanc, Ornans, Musée Courbet, du 17 décembre au 26 mars
musee-courbet.fr

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