Mary McCarthy – Des filles brillantes

ROMAN

Belfond Vintage

Parution le 19 mai 2022

Les éditions Belfond publient dans leur collection Vintage le best-seller de Mary McCarthy (1912-1989) paru en 1963 aux États-Unis. Des filles brillantes nous présente un groupe de jeunes femmes tout juste diplômées de la promotion 1933 du Vassar College à Poughkeepsie, dans l’État de New York, université féminine haut de gamme qui n’a pas nécessairement préparé ses étudiantes à la vie qui les attend. 

Mary McCarthy - Des filles brillantes - Chronique dans le magazine DiversionsOn suit les huit amies sur une dizaine d’années et dans leur apprentissage pas toujours simple, bien qu’issues de milieux aisés pour la plupart : trouver un emploi, un mari, et tenter de s’affirmer dans une société encore très centrée sur le patriarcat. « Ce qui serait terrible – là-dessus elles étaient toutes d’accord -, ce serait de devenir semblables à papa et maman ». Republier Des filles brillantes, paru en France en 1965 sous le titre Le groupe, prend aujourd’hui tout son sens, pour mesurer ce qu’était la condition féminine dans les années 30 en Amérique. N’oublions pas que les lecteurs et les lectrices de Mary McCarthy recevaient déjà l’ouvrage avec un certain recul, au début des années 60, quand les idées libérales et communistes, sans oublier les revendications féministes, commençaient à se faire jour aux USA et ailleurs dans le monde. Particulièrement engagée, la romancière, journaliste et critique littéraire prendra également position contre la guerre du Vietnam. 

L’entrée dans l’âge adulte pour les jeunes personnages ne va pas sans certains renoncements, à l’image de Kay qui souhaite faire carrière dans le théâtre mais se voit contrainte de travailler dans une chaîne de magasins. Quant à Libby, elle comprend vite que l’édition est une affaire d’hommes. Et si Mary McCarthy évoque le mariage, c’est pour mieux critiquer son institution. Il faut dire que Des filles brillantes comporte son lot de personnages masculins volages. Pas étonnant dès lors qu’Helena souhaite ne jamais prendre époux. Quant à Dottie, elle estime que « le mensonge fait partie intégrante du mariage ». Avec ses allusions assez crues aux affaires charnelles, sur fond de psychanalyse, Des filles brillantes annonce le livre à succès de Candace Bushnell dans les années 90– et la série du même nom – Sex and the City. Le roman aborde sans fausse pudeur – et même avec un naturel parfois déconcertant, un ton mordant – la contraception, ou encore la maternité qui n’est pas nécessairement ce havre de félicité présenté par la société -. L’homosexualité féminine et la violence masculine sont également évoqués – voir la scène de viol que subit Polly, face à un homme qui se croit tout à fait dans son bon droit -. Ce roman avant-gardiste résonne encore plus largement ces derniers jours, alors que la Cour suprême des États-Unis vient de voter la révocation du droit à l’avortement.

Marc Vincent

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