Jean-Marie Rouart – La maîtresse italienne


ROMAN

Parution le 4 janvier 2024

Gallimard

Jean-Marie Rouart, qui avait déjà consacré un roman à l’empereur en 2012, se penche cette fois sur l’épisode du premier exil de Napoléon. Amours et politique se mêlent dans cet ouvrage court qui expose le rôle de tout premier ordre qu’aurait joué la jeune comtesse Miniaci dans l’évasion de l’île d’Elbe. 

Jean-Marie Rouart - La maîtresse italienne - Gallimard - Chronique dans le magazine DiversionsMême exilé, Napoléon suscite encore l’admiration de tous, et notamment celle du colonel Campbell, chargé de le surveiller et d’assurer sa protection dès son arrivée sur l’île le 3 mai 1814. Le jeune militaire semble espérer aussi que la légende de l’Aigle finisse par l’éclairer lui aussi. Si l’issue de l’intrigue est connue: l’évasion de Napoléon qui retournera régner en France lors des « Cent Jours », Jean-Marie Rouart préfère brosser un portrait des différents personnages ayant eu à voir, de près ou de loin, avec cette fuite historique. L’empereur se fait la belle à bord d’un brick, navire rapide et maniable apprécié des pirates. Il est vrai qu’un peu plus de 170 pages suffisent à l’Académicien pour dresser le tableau du hold-up de Napoléon, et brosser les portraits du piteux Louis XVIII, de l’ambitieux Murat, beau-frère de Napoléon et roi de Naples, de Charles de Flahaut, fils illégitime de Talleyrand qui se désole de la chute de la France, et de bien d’autres personnages historiques.

Les épisodes se succèdent : complot d’assassinat contre le « grand proscrit », intrigues amoureuses, dilemmes et cas de conscience, sans oublier la mystérieuse comtesse, « coqueluche de Florence » qui serait selon la thèse de l’auteur le facteur X, celle qui aurait, par ses charmes, détourné le colonel Campbell de sa tâche, permettant ainsi à Napoléon de s’enfuir en France. Quant à l’empereur, Jean-Marie Rouart nous en offre un portrait en creux, comme il le dit lui-même, l’ex-empereur et sa « dérisoire souveraineté d’une île minuscule ». Le roman dépeint d’ailleurs toute l’ambiguïté de sa situation, devant supporter une « pompe de préfecture »  mais organisant déjà son évasion depuis sa prison dorée. La maîtresse italienne nous présente aussi les forces en présence autour de l’île d’Elbe : Royaume-Uni, Autriche, Prusse et Russie réunis au Congrès de Vienne, et Napoléon, « proie idéale que chaque puissance affamée a à cœur de dépecer ». Entre fêtes italiennes fastueuses, intrigues politiques, diplomatie et affaires de cœur, La maîtresse italienne manie habilement les registres.

Dominique Demangeot

critique livre, gallimard, île d'elbe, jean-marie rouart, la maitresse italienne, les cent jours, napoléon, roman

Powered by WordPress. Designed by Woo Themes

WordPress SEO fine-tune by Meta SEO Pack from Poradnik Webmastera