Jake Adelstein – Tokyo Detective

NON-FICTION

Marchialy

Parution le 29 mars 2023

Premier journaliste étranger à être embauché par le quotidien japonais Yomiuri Shinbun en 1993, Jake Adelstein a relaté son expérience dans Tokyo Vice paru en 2009 (et en 2016 en France). Adapté l’an dernier en série télévisée, le livre a été suivi de deux autres ouvrages, Le Dernier des yakuzas (2017) et J’ai vendu mon âme en bitcoins (2019). Après avoir quitté le journalisme d’investigation, l’Américain devient détective privé et nous fait découvrir d’autres facettes de la société japonaise. 

Jake Adelstein - Tokyo Detective - Chronique dans le magazine DiversionsJake Adelstein effectue désormais des enquêtes de diligence raisonnable. Il s’assure pour ses clients de la solvabilité (et de l’honnêteté) d’une entreprise avant une acquisition ou une entrée au capital. Ayant contribué à évincer le sulfureux Tadamasa Goto du plus important gang de yakuzas de Tokyo, l’Américain s’est bâti une solide réputation dans le milieu, quitte à frôler la mort. Il a quitté le Yomiuri Shinbun en 2005 pour retourner dans son Missouri natal, mais l’attraction pour le Japon était trop forte et le gaijin l’a vite retrouvé. Lire Jake Adelstein, c’est approcher au plus près la face cachée du pays du soleil levant et dans Tokyo Detective en particulier, son économie souterraine (corruption, prostitution, jeux d’argent, cotations détournées…). C’est aller au-delà de l’image lisse de la société japonaise. « Entre ce que l’on vous dira d’une chose et sa réalité, il y a souvent tout un monde », souligne l’auteur. Davantage documentaire que thriller, Tokyo Detective relate des faits réels, ce que l’auteur (et sa maison d’édition) nomment « creative non fiction ».

On retrouve évidemment les yakuzas, ce « gouvernement caché », Adelstein citant ici Takeshi Kitano, même si l’organisation a aujourd’hui du plomb dans l’aile (Adelstein nous explique pourquoi dans ce nouveau livre). Une plongée en eaux profondes (et troubles) dans la société japonaise, depuis la fraude financière jusqu’aux culottes des jeunes filles, particulièrement appréciées par les « hentais » (terme japonais pour pervers). On en apprend également plus sur le sort fait aux Coréens au Japon dans les années 1950, et sur le grand traumatisme que constitua l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima en 2011, « l’incarnation même de la cruauté, de la cupidité et du mal ». L’auteur sait également se confier intimement, dans ce nouveau tome où il évoque la maladie qui l’a touché lui ainsi que sa chère et regrettée Michiel, auprès de laquelle il a souvent enquêté. Tokyo Detective est aussi le récit d’une reconstruction personnelle.

Dominique Demangeot

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