Idomeneo à l’Opéra national du Rhin

> Article publié à l’origine dans le numéro de février-mars 2016 du journal Diversions (Diversions Alsace février-mars 2016)

En mars et avril, l’Opéra national du Rhin présentera en Alsace sa nouvelle production, l’histoire d’un sacrifice mis en musique par Mozart en 1781. Le roi Idoménée sacrifie en effet son fils au dieu Neptune. Idomeneo demeure un opéra peu connu de Mozart, mais grâce auquel le jeune génie va acquérir son indépendance, vis-à-vis de ses contemporains mais aussi de la figure paternelle.

Maquette du décor élaboré par Barbara De Limburg

Maquette du décor élaboré par Barbara De Limburg – Photo : Barbara de Limburg

 

Le livret, qui s’inspire d’une tragédie lyrique française de Campra, datant du début du XVIIIe siècle, nous conte le lourd tribut que le roi de Crète Idoménée, de retour de la guerre de Troie, doit payer à Neptune pour l’avoir préservé d’une tempête. Promettant de sacrifier le premier homme qu’il croisera à son retour sur terre, c’est son propre fils, Idamante, qu’Idoménée doit offrir en sacrifice au dieu des eaux. Le roi, parti depuis dix ans, ne reconnait pas son fils au premier abord. Mais pour sauver ce dernier de la malédiction divine, le père cherche à épargner son fils, ce qui provoque la colère de Neptune. Idoménée ne craint pas l’ire des divinités, jusqu’à en faire trembler la terre de son royaume de Crète, même s’il demande constamment leur aide, personnage en proie aux superstitions.

Dans cette œuvre que Mozart compose à 25 ans, ce dernier accorde aux chœurs une place inédite, les mettant en avant dans plusieurs scènes de l’opéra. Le metteur en scène Christophe Gayral leur donnera toute la place qui leur revient dans la version créée à l’Opéra national du Rhin, en les faisant prendre part à l’action et au déroulement de la pièce. Mozart s’est notamment inspiré ici des partitions chorales de Gluck, qu’il a étudiées lorsqu’il était à Paris. L’ampleur et la fluidité des orchestrations d’Idomeneo sont remarquables, une éloquence qui frappera les contemporains de Mozart.

Idomeneo à l'Opéra national du RhinDe nombreux critiques ont vu dans cette œuvre qui met en scène la relation d’un père et d’un fils, la propre filiation de Mozart et de son père Leopold. Ce dernier, vice-maître de
chapelle à la cour du prince-archevêque de Salzbourg, régente la carrière de son fils prodige – et celle de sa fille, également musicienne d’exception -, mais Mozart s’émancipe peu à peu et Idomeneo est l’occasion pour le jeune compositeur de rompre définitivement avec son père. Devenu maître de concert et organiste à la cour de Salzbourg, Mozart se voit commander cet opera seria par le prince-électeur de Munich. Idomeneo sera aussi pour Mozart le marche-pied qui le conduira à Vienne, où sa carrière s’achèvera en apothéose dix années plus tard.

De l’œuvre, Christophe Gayral a souhaité donner une version épurée, pour plus de cohérence, si ce n’est une reproduction de la statue de Poséidon au Musée d’Athènes. Elle représente toutes les superstitions qui pèsent sur l’esprit d’Idoménée, une critique très présente dans cet opéra de Mozart qui le compose, ne l’oublions pas, en plein Siècle des Lumières. Enfin si le rôle du fils d’Idoménée, Idamante, est généralement endossé par une soprano, le choix s’est porté dans cette nouvelle production sur un ténor, Juan Francisco Gatell, pour davantage de vraisemblance.

– Paul Sobrin –

Idomeneo, Strasbourg – Opéra, mer. 16 mars 20h, ven. 18 mars 20h, dim. 20 mars 15h, mar. 22 mars 20h, jeu. 24 mars 20h
Mulhouse – La Sinne, ven. 8 avril 20h, dim. 10 avril 15h, Colmar – Théâtre municipal, dim. 17 avril 15h
www.operanationaldurhin.eu

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