Idles – Ultra Mono

PUNK

Partisan Records/PIAS

Avec Ultra Mono, les musiciens de Bristol avaient la lourde tâche de proposer une suite au brillant Joy As An Act Of Resistance, paru il y a deux ans. Emmenés par leur chanteur aux cordes vocales en titane, Joe Talbot, les quatre autres membres d’Idles comptent bien continuer à faire parler la poudre. Ultra Mono demeure radical dans le propos et démontre que le groupe a su résoudre cette fameuse quadrature du cercle inhérente à toute formation punk qui se respecte : la célébrité ou l’incomprommission ? Idles n’ont pas choisi.

Du côté des textes, Joe et ses compères poursuivent dans une veine que d’aucuns qualifieront de politique, dans la grande tradition du punk contestataire. Un engagement que le groupe, par la voix de son chanteur, réaffirme d’ailleurs à l’intérieur de l’album. « Au début de l’écriture d’Ultra Mono on a eu le sentiment de s’éloigner de cette vérité ». Rester vrai, voilà peut-être le but du musicien, qu’il évolue dans le punk, le hip-hop ou toute autre musique d’ailleurs… Pour Joe et ses comparses, la sincérité reste une valeur centrale et ils n’ont pas peur de le réaffirmer. Il faut dire qu’avec l’arrivée du succès, surviennent souvent les tempêtes médiatiques, d’autant plus à l’ère des réseaux sociaux où toute action est systématiquement examinée à la loupe et remise en question. Pas étonnant alors que l’opus débute sur War, histoire de convenablement poser le décor avec ses six cordes martyrisées. Si le propos n’est pas nouveau, que dire d’autre ? Que dénoncer d’autres, d’autant plus en ces temps pour le moins troublés et pandémiques, qu’une société pathogène qui part en vrille comme Talbot le hurle si bien sur Carcinogenic ? Sur Model Village, c’est le gouvernement britannique qui en prend pour son grade, tandis que Grounds réaffirme que « black is beautiful ». C’est ça le punk, l’immédiateté du propos, comme un gros coup de poing dans la tronche. Comme cette face déformée du personnage sur la pochette de l’album.


Mais la formation n’incarne pas son engagement que dans les paroles. Leur musique se veut elle aussi urgente et concise avec des titres d’une moyenne de trois minutes. Aux manettes, Kenny Beats dont le travail a consisté à faire ressortir le côté brut des morceaux. Une production sans fioritures qui tend à l’essentiel pour laisser souffler les petites lames de fond punk rock que sont Mr Motivator, premier single, ou encore Anxiety. Seul A Hymn se veut un peu plus loquace, possédant de plus un côté sombre assez inédit dans la (jeune) carrière d’Idles. Un morceau qui illustre d’ailleurs le souhait du groupe d’expérimenter d’autres voies, comme Grounds avec ses riffs minimalistes, son tempo (ultra) binaire, Reigns et son côté légèrement dancefloor à la sauce post punk ou encore The Lover, parfois noisy. Les petits Frenchies que nous sommes apprécieront l’hommage (pas très catholique grammaticalement parlant mais on s’en fout) intitulé Ne Touche Pas Moi, sur le consentement, car le groupe range aussi les préoccupations féministes au rang des causes qui lui importent. La chanteuse française Jehnny Beth – Savages – vient leur prêter main fort sur ce titre. L’occasion de rappeler que si le groupe est passé au statut de star Outre-Manche, le public punk français lorgne également du coté des cinq musiciens d’Idles.

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