RÉCIT
Albin Michel
Parution le 9 avril 2025
Romancier et scénariste, Francesco Piccolo a grandi avec les films de Fellini, en particulier Huit et demi qu’il a visionné un nombre incalculable de fois. Dans La bella confusione, l’auteur italien, Prix Strega 2014 (l’équivalent de notre Goncourt) met en parallèle le long métrage de Federico Fellini avec Le Guépard, réalisé par le meilleur ennemi de ce dernier, Luchino Visconti.
Centré sur l’année 1963, date de sortie des deux films, ce récit n’en évoque pas moins toute une époque aujourd’hui révolue, âge d’or du cinéma italien avec ses réalisateurs et ses interprètes stars, dont Claudia Cardinale qui a la particularité d’avoir pris part aux deux films. Francesco Piccolo revient en détails sur la genèse des deux chefs d’œuvre, mettant en exergue leurs différences (et aussi, à la fin, ce qui les rapproche). Le but de l’auteur : “étudier, chercher, comprendre une période à travers des films que j’aimais particulièrement”. Pour cela il livre de nombreuses anecdotes sur les tournages respectifs et n’oublie évidemment pas leurs deux scènes d’anthologie (le harem pour Huit et demi, le fameux bal du Guépard qui a nécessité pas moins de quarante nuits de prises de vue). Les amateurs de septième art apprécieront l’analyse fine de Huit et demi et du Guépard, deux films si différents dans la réalisation et le propos, et pourtant inséparables dans l’histoire du cinéma, “la parfaite illustration scénaristique de deux manières d’écrire un film”.
Francesco Piccolo évoque les carrières de Fellini et Visconti, mais aussi d’autres étoiles de l’époque (Mastroianni, Lancaster, Delon, le compositeur Nino Rota…) et fait des affres de la création le centre de ce passionnant récit. Du scénario à la réalisation (et leurs multiples contraintes, le cinéma ce n’est pas vraiment la dolce vita…), l’auteur nous plonge aussi dans l’intimité des studios de cinéma. Au fil des pages, il se confie également sur sa propre vie, l’adolescence en particulier où il développe une fascination (addiction ?) pour Huit et demi, où il lit également le roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa que Visconti adaptera pour le grand écran (“symbole tangible de mon initiation à la lecture”). La bella confusione, amplement documenté, prend aussi les atours d’un roman initiatique. L’occasion de traiter de la question de l’autobiographie, autre fil rouge (dans les films de Fellini et Visconti et dans ce récit également), Francesco Piccolo s’avouant “tenté, comme beaucoup d’écrivains aujourd’hui, par le désir de [s]e mettre en scène”.
Dominique Demangeot