Cet hiver, le Musée Würth vous invite à arpenter sa Bibliothèque Fantastique, nouvelle exploration de sa collection, orientée cette fois vers l’objet livre. L’occasion de découvrir la grande variété d’ouvrages conservés entre les murs du musée, qui décerne par ailleurs tous les deux ans un prix de littérature européenne. Nous offrant un voyage de la poésie au livre illustré, du pop-up au livre d’artiste, l’exposition présente aussi, en regard, quelques peintures, sculptures et lithographies, collages…

Photo : Pascal Bastien
Une quarantaine d’artistes « qui ont réinventé le livre, l’élevant au rang d’œuvre d’art », comme le souligne le musée, sont représentés dans cette exposition temporaire. Elle va le situer également « à la croisée du savoir et du plaisir ». Le livre comme le réceptacle d’écritures diverses, de disciplines multiples, arts et sciences, fictions et enquêtes, recherches… Le livre recélant aussi une multitude d’images. Le Musée Würth mêle son propre fonds à la collection de livres d’artistes du généticien Jean-Louis Mandel. Une collaboration qui offre au public un grand éventail de formats et de matières, des univers à découvrir d’autant que le parcours élaboré se veut également immersif. Plusieurs thématiques sont abordées, à partir du verbe écrire qui partage une origine commune avec le grec graphein, qui veut également dire
« dessiner » (faire des entailles).
Le livre est aussi objet, adoptant différentes formes, matières au fil des millénaires, de l’argile au papyrus, en passant par la pierre, la peau animale… Il pèse lourd lorsqu’il est grimoire avec Anselm Kiefer (Bibliothèque avec météorites, 1991, pensant 11 tonnes). Il rejaillit sous la forme légère du pop-up en carton avec Anthony Caro (Leaf Pool, 1996-2000). En grès ou en soie, en terre cuite, le livre intéresse tant les écrivains que les plasticiens soucieux de le réinventer. « Suis-je donc écrivain ou dessinateur ? », se demande Günter Grass en 1979, mêlant dans son travail créations littéraire et plastique. Le livre peut aussi se faire ludique, prendre la forme d’un jeu de tampon avec Dieter Roth (1968-1978).

Photo : Pascal Bastien
La salle de l’étage a été aménagée comme une bibliothèque, et dans ses rayonnages on peut découvrir des livres d’artistes, un terrain d’expérimentation fertile pour les créateurs, trouvant là une autre manière de présenter (et diffuser) leur art, à l’exemple d’Andy Warhol représentant sa mère avec In the Bottom of my Garden (vers 1956). Avec le Britannique Eduardo Paolozzi, culture pop et images publicitaires investissent les pages sous forme de collages (Bunk!, 1972). Le Néerlandais Herman de Vries, entre 1978 et 2015, rend hommage à la terre en composant un nuancier de 8000 échantillons de pigments glanés dans le monde entier. Parfois le livre d’artistes est aussi le fruit de collaborations, tel Rêve de l’ammonite (1975) réunissant Pierre Alechinsky et Michel Butor. Le livre illustré est un autre format très apprécié des créateurs, notamment en direction de la jeunesse, comme le montrent les originaux de deux ouvrages, dont le conte traditionnel El Conejo y el Coyote (Le Lapin et le Coyote, 1979), gouaches et aquarelles du peintre et sculpteur mexicain Francisco Toledo. Plongée également dans le surréalisme avec le manuscrit original du Parterre d’Hyacinthe de Robert Desnos.
– Marc Vincent –
La Bibliothèque Fantastique. Collection Würth et prêts, Erstein, Musée Würth, jusqu’au 6 avril
musee-wurth.fr