La compagnie Ces Messieurs Sérieux adapte une courte pièce de l’autrice québécoise Sarah Berthiaume, poursuivant ses explorations autour des écritures contemporaines. Une nouvelle création centrée sur le travail et ses conséquences sur nos vies.
« Quelles sont les relations que l’on a, nous, avec notre travail, est-ce qu’on est aliénés par lui ? », s’interroge Renaud Diligent. Dans la pièce, Maude rêve que tout s’arrête (Sarah Berthiaume a été visionnaire ici car le covid allait exaucer le vœu de son héroïne quelques mois plus tard…). La pandémie a changé durablement le rapport au travail : démissions, réorientations, un revirement couplé avec une prise de conscience des enjeux environnementaux et économiques. Le metteur en scène va notamment s’attacher à porter sur la scène le « réalisme magique » dont parle l’autrice québécoise. Maude, en plein burn-out, rencontre à travers son écran d’ordinateur des travailleurs en plusieurs endroits de la planète. « Quelqu’un va même être aspiré par cet ordinateur donc c’est complètement magique ! », souligne Renaud Diligent. Différents exemples d’aliénations au travail se présentent à Maude, à l’image d’un soutien-gorge fabriqué en Inde dans des conditions proches de l’esclavagisme. « C’est comme un cauchemar ou un rêve éveillé qui traverse la pièce. » Nyotaimori est une satire qui fait ressurgir l’absurdité du monde, à la fois sombre… et drôle.
Le metteur en scène a aussi été intéressé par le côté très anglo-saxon du propos, avec un rapport au travail différent du nôtre et une présence de l’Amérique très forte. Sarah Berthiaume est venue en résidence l’an passé à La Cité du Mot de La Charité-sur-Loire afin d’adapter le texte québécois pour le public français (elle reviendra en janvier lors des dates dijonnaises). Pour la première fois, la compagnie fait appel à un compositeur, Gabriel Afathi de The George Kaplan Conspiracy pour offrir un univers musical à la pièce, entre plages sonores et chansons, une musique jouée en live par un autre interprète. « Ce que j’aime beaucoup avec la musique de Gabriel, c’est qu’il y a une touche très moderne, un peu dansant et en même temps sombre, qui résonne avec la tonalité de la pièce. »
– Dominique Demangeot –
Nyotaimori, Giromagny, Théâtre du Pilier, 21 novembre à 20h (+ Répétition ouverte le 17 novembre à 17h en entrée libre), Chalon-sur-Saône, Espace des Arts, du 26 au 28 novembre à 20h – À voir aussi à Dijon, atheneum (coréalisation avec l’ABC, 29 et 30 janvier à 20h), à Beaune, Théâtre municipal, 10 avril à 20h