Le festival porté par l’Agence Livre & Lecture Bourgogne Franche-Comté cultive l’art de la fugue depuis 23 éditions, baladant ses auteurs et autrices en région pour des rencontres publiques en librairies et médiathèques, ou dans des lieux plus atypiques comme une ferme ou une maison d’arrêt, à l’hôpital, dans un gîte d’étape… Roman, poésie et nouvelles d’aujourd’hui, mais aussi théâtre, pour adultes et jeune public, vont essaimer dans la grande région !
13 auteurs et autrices ont été conviés et ce sont près de 80 rencontres qui seront organisées pour évoquer le métier d’écrivain, l’actualité des auteurs et autrices, l’édition… Et l’esprit des Petites Fugues continue à se diffuser puisque de nouveaux partenaires rejoignent le festival à l’image de Sciences Po Dijon, ce qui augure de belles pages sur les littératures d’Europe de l’Est. Les Petites Fugues inviteront ainsi en 2024 Zinaïda Polimenova, autrice bulgare installée en France depuis 1997. Son dernier roman, Nucléus, nous transporte dans la Bulgarie des années 1950 et évoque le régime communiste et son totalitarisme. Eugène lui, né à Bucarest, aborde dans Lettre à mon dictateur (Slatkine), le régime de Ceaușescu et son statut d’écrivain-migrant.
Le festival poursuit également son approche intergénérationnelle en allant cette année à la rencontre des EHPAD et d’une maison partagée âges et vie. Le café-librairie bisontin L’Interstice sera aussi de la fête cette année, lieu d’échange participatif et solidaire. Dans les collèges et lycées, les élèves préparent les rencontres en amont, qu’il s’agisse des questions qui seront posées aux auteurs et autrices, ou même de petites séances de lecture d’ouvrages. Dans une chapelle à Pontarlier, les lycéens animeront ainsi eux-mêmes la rencontre.
Parmi les nombreuses escapades littéraires au programme de 2024, on fuguera dans la baie de Gênes avec le dernier roman de Sébastien Berlendis, Lungomare (Actes Sud), ou à Buenos Aires, aux heures sombres de la dictature avec L’Absence est une femme aux cheveux noirs (Éditions du sous-sol) d’Émilienne Malfatto. D’autres ouvrages vont aborder des thèmes de société à l’image de James Randi : « Non à la manipulation » (Actes Sud Jeunesse) de Rémi David, qui est également magicien et évoque la manipulation des esprits.
Une particularité des Petites Fugues est d’irriguer les zones rurales comme les centres urbains, tandis que l’équipe de l’Agence Livre & Lecture Bourgogne Franche-Comté organise bien en amont des séances de découverte des auteurs et autrices du festival, auprès des structures qui vont les accueillir. L’édition 2024, resserrée, proposera un nouveau format avec des rencontres préparées en duo ou en trio, entre une médiathèque et un établissement scolaire, une structure culturelle ou sociale, une librairie… Cette année on fugue à plusieurs ! Le 28 novembre à Autun, Isabelle Pandazopoulos et Sylvain Levey mèneront ainsi un entretien croisé à la librairie La Promesse de l’Aube, en partenariat avec le Gang des Lyseurs, club de lecture bourguignon. Il va sans dire que Les Petites Fugues s’associent toujours avec les forces vives locales pour préparer les rencontres. L’autre marque de fabrique du festival, ce sont les ponts jetés entre littérature et autres disciplines artistiques. Citons notamment une Petite forme commune avec Émilienne Malfatto et Zinaïda Polimenova à la nouvelle médiathèque de Scey-sur-Saône, qui s’associera à l’école de musique départementale, également le 28 novembre.
– Dominique Demangeot –
Les Petites Fugues 2024, divers lieux en Bourgogne Franche-Comté, du 18 au 30 novembre
lespetitesfugues.fr