Dijon – Les Pêcheurs de perles à l’Opéra

Après l’inquiétante geôle-château de Barbe-Bleue en janvier, l’Opéra de Dijon nous offre une respiration en nous conviant sur l’île de Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka) avec Les Pêcheurs de perles. L’opéra de Georges Bizet nous conte la relation tourmentée entre Leïla, jeune prêtresse, et Nadir. Le chef des pêcheurs, Zurga, veut faire exécuter le jeune pêcheur de perles et son aimée.

Hélène Carpentier (Leïla) – Photo : Jérémy Torres

Il faut dire que dans leur adolescence, les deux pêcheurs étaient épris de Leïla, et le retour de cette dernière, devenue prêtresse de Brahma, ravive leurs sentiments. L’opéra en trois actes, sur un livret d’Eugène Cormon et Michel Carré, est une œuvre de jeunesse composée en 1863. Georges Bizet a alors vingt-cinq ans, encore tout auréolé du Prix de Rome qu’il remporte en 1857 avec une cantate, Clovis et Clotilde. Commande de Léon Carvalho, directeur du Théâtre Lyrique de Paris, Les Pêcheurs de perles doit être monté en septembre de la même année. Bizet réutilise alors le prélude et la mélodie d’un duo des amants de son opéra Ivan IV, un chœur de son Te Deum et d’autres pièces. Le tout est achevé en un temps record de quatre mois. Le chœur L’ombre descend sera rajouté lors des répétitions, tandis que d’opéra comique avec dialogues parlés (ce qu’elle devait être à la base), l’œuvre devient finalement opéra avec récitatifs chantés. Une création qui n’est donc pas de tout repos pour le jeune Bizet qui a bien besoin d’aller se ressourcer dans l’Orient rêvé…

L’opéra ne connaitra cependant pas un grand succès et, sous le feu nourri des critiques, ne sera plus jamais joué du vivant de Bizet. Le succès de Carmen et la mort précoce du musicien vont pourtant inciter Carvalho, devenu directeur de l’Opéra-Comique, à reprogrammer Les Pêcheurs de perles en faisant remanier l’œuvre. C’est surtout le manque de profondeur des personnages qui sera reproché au musicien, qui va s’inspirer, pour le chant, de Verdi notamment, mais aussi de Gounod. Le style concertant de Weber se retrouve aussi dans les parties orchestrales, avec en particulier des contrepoints au chant de la part du cor, de la clarinette, de la flûte et du violoncelle. Les leitmotivs wagnériens seront aussi évoqués au nombre des influences du jeune compositeur. Ce dernier possède déjà des talents de mélodiste certains, comme l’illustre le duo Au fond du temple saint dans le premier acte.

Julien Dran (Nadir) – Photo : DR

L’orientalisme est une autre influence majeure de Georges Bizet pour cette œuvre, que l’on retrouve notamment dans les scènes de danse (chorégraphie dans cette version dijonnaise par Sandrine Chapuis) et les cérémonies religieuses. La metteuse en scène Mirabelle Ordinaire a aussi fait appel à trois acrobates pour cette rêverie orientaliste. Bizet emprunte les rythmes et les harmonies d’Orient, à l’image du fameux chœur de la scène finale Dès que le soleil. Le compositeur utilise aussi un procédé que l’on retrouvera dans Carmen, laissant à l’orchestre le soin de « raconter » l’histoire grâce à une musique fortement suggestive. La mise en scène nous donne à voir un jeune Bizet en train de composer sa partition dans son appartement qui donne sur l’Opéra Garnier en construction. Très vite, les rues de Paris vont se confondre avec l’Océan Indien, l’opéra en chantier avec un palais hindou, tandis que Bizet s’enfonce dans sa rêverie orientale, jusqu’à ne faire plus qu’un avec le personnage du chef des pêcheurs, Zurga…

– Paul Sobrin –

Les Pêcheurs de perles, Opéra de Dijon, 19 et 21 mars à 20h, 23 mars à 15h
opera-dijon.fr

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