Clameur(s) 2022 – Nicolas Puzenat – Megafauna

On pourra retrouver Nicolas Puzenat lors de la prochaine édition du festival littéraire Clameur(s) à Dijon, qui se tiendra du 3 au 5 juin prochains. Diversions rencontrait l’auteur illustrateur l’automne dernier, à l’occasion de la sortie de son album Megafauna, que Nicolas présentera justement à Dijon. Après le récit apocalyptique Espèces invasives qui se déroulait à Buenos Aires, Megafauna, toujours aux éditions Sarbacane, est une uchronie qui nous transporte dans un monde médiéval où l’homme de Néandertal aurait survécu.

Nicolas Puzenat - Megafauna - Clameur(s), Dijon, juin 2022Pouvez-vous nous présenter les deux sociétés qui se côtoient dans Megafauna ?
Nous avons un univers séparé en deux parties par une immense muraille : l’un occupé par les Sapiens, descendants de sapiens et l’autre, occupé par les Néandertaliens qui s’appellent dans mon livre les Nords.

Où avez-vous puisé l’inspiration pour cet album ?
Le projet vient de ma passion pour la préhistoire, cette période où il y avait plusieurs espèces humaines qui cohabitaient. J’ai toujours trouvé ça fascinant. On en sait de plus en plus et j’ai voulu faire revivre, survivre Néandertal en imaginant une espèce qui serait par définition différente de la nôtre, dans sa culture, ses pratiques religieuses, dans son rapport entre les hommes et les femmes… Et à travers cette vision d’une espèce différente de la nôtre je voulais aussi, par une critique en forme de miroir, montrer les défauts de notre société contemporaine.

Megafauna prend d’ailleurs des allures de conte philosophique…
Oui un peu à la manière des contes de Voltaire, des utopies des 18ème et 19ème siècles et des récits de voyage. On peut penser aux Lettres persanes de Montesquieu par exemple. On y trouvera une critique sociale, une satire de notre société mais en même temps un récit d’aventure avec pas mal d’humour. J’essaie de faire en sorte que mes histoires soient divertissantes et fassent réfléchir aussi.

Nicolas Puzenat – Photo : Diversions

Concernant la forme à présent. Comment s’est déroulé le travail sur les couleurs ?  
Les couleurs sont la troisième étape de la création lorsqu’on a passé le scénario et qu’on a fait ce qu’on appelle l’encrage. Dans Megafauna j’ai deux univers très différents : l’univers des Sapiens avec une mauvaise gestion de l’écosystème. C’est un univers assez desséché dans lequel la mégafaune a disparu. Le livre s’appelle Megafauna parce que j’ai voulu faire survivre non seulement les Néandertaliens mais aussi la mégafaune (ensemble des espèces animales de grande taille, NDLR). Du côté des sapiens c’est un univers assez jaune avec des couleurs minérales, et lorsqu’on franchit la muraille du côté des Nords, on a un univers verdoyant, une grande luxuriance. J’ai pris beaucoup de plaisir à dessiner les arbres, la nature, les animaux, les grands animaux comme les mammouths, les rhinocéros. Il y a toutes sortes d’animaux qui ont disparu aujourd’hui.

Vous avez poussé le réalisme jusqu’à concevoir une carte de ce monde imaginaire…
Le voyage est présenté sous forme de carte au début du livre : on a une mappemonde centrée sur l’Europe, avec une Europe totalement différente puisqu’il a fallu tout renommer en imaginant un monde qui aurait évolué différemment depuis 40.000 ans. Il y a le mystère profond de cette espèce disparue mais qui a laissé des traces : de l’outillage, des artefacts. Je les ai imaginés poursuivre leur évolution vers une culture très différente de la nôtre, parfois opposée même, notamment dans le rapport des hommes et des femmes. J’imaginais un Néandertal plus égalitaire y compris physiquement, parce que les femmes des Nords n’ont pas du tout les mêmes différences physiques que les Sapiens : elles sont robustes, elles sont de la même taille et occupent toutes les fonctions sociales sans exception.

Nicolas Puzenat, Megafauna (Sarbacane, paru en mars 2021)
Programme Clameur(s) 2022 : https://clameurs.dijon.fr/

Propos recueillis au salon Livres dans la Boucle à Besançon par Caroline Vo Minh (septembre 2021)

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