Caroline Caugant – Insula

ROMAN

Seuil

Parution le 5 janvier 2024

Rescapée d’un séisme qui a touché Tokyo, Line, hôtesse de l’air, peine à reprendre pied. Son couple et sa carrière en pâtissent, et la jeune femme s’engage alors sur la difficile voie de la reconstruction.

Caroline Caugant - Insula - Seuil - Chronique dans le magazine DiversionsAprès cet événement traumatisant se déroulant au printemps 2024, « [l]a Line d’aujourd’hui » n’est plus celle qui avait embarqué sur le vol pour Tokyo. Il se pourrait même que son accident fasse ressurgir des souvenirs enfouis et une vie précédente qu’elle pensait avoir rangé pour toujours dans un tiroir. Les cerisiers en fleurs n’y feront rien et pour Line, le printemps japonais tourne au cauchemar. Thomas son compagnon, comprend vite qu’il retrouve quant à lui une autre femme, d’une certaine manière une inconnue. Si Caroline Caugant nous fait le récit d’un naufrage puis d’une tentative de reconstruction, elle évoque aussi les conséquences du tremblement de terre sur le couple de Line. L’autrice détaille subtilement les différentes étapes par lesquelles passe la jeune femme, et le décentrage dont semble souffrir cette dernière, à l’image de l’axe de la planète qui a bougé de quelques centimètres après le tremblement de terre au Japon, un « renversement des choses » qui va mener Line, contre toute attente, jusque sur une île de l’Atlantique.

Puisque « [r]ien ne la maintient au sol », Line part donc pour tenter de s’amarrer de nouveau à elle-même. Errant tel un fantôme, à l’instar des jōhatsu, ces personnes qui décident un jour de disparaitre sans laisser de traces, la jeune « miraculée de Tokyo », habituée des trajets longue distance en pleine liberté dans le ciel, semble encore prisonnière des entrailles de la terre, enfermée dans ses souvenirs d’en-dessous, des réminiscences qui pourraient aussi bien la faire définitivement plonger dans les abysses, que la ramener parmi les vivants. La première partie du livre fait écho, à travers plusieurs citations, à un court roman de J.M.G. Le Clézio (Hasard, quête identitaire d’une jeune fille à la recherche du père) et à Rebecca, de Daphné du Maurier, au sujet d’une jeune femme disparue dans un naufrage en mer et qui hante ses survivants. Deux livres qui ne sont pas sans liens avec le propos d’Insula. La deuxième partie du roman prend un détour inattendu, à l’image du parcours initiatique de Line, puisque « sur les ruines, tout peut renaître.»

– Marc Vincent –

caroline caugant, chronique livre, insula, Japon, line, renaissance, résilience, roman, seuil, tremblement de terre

Powered by WordPress. Designed by Woo Themes

WordPress SEO fine-tune by Meta SEO Pack from Poradnik Webmastera