ROMAN
Gallimard
Parution le 15 août 2024
Eva s’enfuit avec sa fille, loin de son compagnon, et se retrouve dans une cabane de gardian isolée en Camargue. Au même moment, tous les enfants du monde se mettent à faire les mêmes rêves, aux conséquences qui pourraient s’avérer dramatiques pour l’humanité.
Un long cri qui n’en finit pas, poussé par des milliards d’enfants par une nuit de février. D’autres événements suivront. Expérience en laboratoire qui a mal tourné ? Révolte de la nature face aux exactions de l’homme ? Punition divine ? Le mystère reste entier mais les conséquences, elles, sont bien réelles. Depuis sa retraite camarguaise, Eva ne peut que constater les mêmes effets sur sa fille, sans savoir que le phénomène est mondial. Si Carole Martinez renoue avec les thèmes de la nature et de la maternité qui lui sont chers, elle leur adjoint une dimension fantastique (voire un soupçon de physique quantique). Une brillante fable écologiste qui s’aventure dans cet univers qui nous est commun à tous et toutes : le territoire des rêves.
Avec sa propre « enfance détraquée », la jeune neurologue spécialisée dans le sommeil et les rêves veut protéger son enfant d’un père violent, comme une malédiction dont elle aimerait interrompre le cycle. Elle peut compter sur l’aide de Serge, géant barbu (comme dans un conte !), qui vit seul suite à un drame qui le hante encore. Comme dans son précédent roman, Les roses fauves, Carole Martinez dresse le portrait d’une femme devant remettre de l’ordre dans sa vie, souhaitant protéger à tout prix son libre arbitre. Alors que les forces de la nature se déchaînent, Eva et la petite Lucie retournent en pleine nature pour se reconnecter à l’environnement : « j’avais perdu ma capacité d’émerveillement » confie la mère de famille. « Il me fallait réenchanter le monde pour être à l’unisson. » Dans son cinquième roman, Carole Martinez décrit une planète qui a perdu son unisson, son écosystème déréglé par les actions de l’homme à l’image de l’agriculture intensive. Certains se tournent alors vers la sagesse ancestrale pour tenter de trouver une solution aux fléaux qui frappent la terre, face au progrès humain qui n’a pas généré que des bienfaits. Et si les enfants du Brésil, de France, de Belgique, d’Haïti étaient la clé pour échapper à la fureur de la première des mères, notre terre nourricière ?
Marc Vincent