Une nouvelle saison particulière pour les deux scènes nationales de l’Aire urbaine… qui n’en font désormais plus qu’une. Avec à sa tête Yannick Marzin, qui dirigeait déjà la scène nationale du Pays de Montbéliard, cette nouvelle grande scène nationale, située à présent entre Belfort et Montbéliard, se met en place dans le cadre d’une saison 18-19 de transition.
Pour inaugurer cette saison pas comme les autres, il fallait bien… une chanteuse pas comme les autres ! C’est la diva américaine Barbara Hendricks qui ouvrira la saison de ce que l’on nomme provisoirement « MA avec Granit », pour présenter son nouveau projet The Road to Freedom, à l’occasion des 50 ans de la MALS de Sochaux. Si elle a fréquenté le jazz et le classique, cette fois la chanteuse nous emporte aux origines de la musique noire américaine en reprenant des standards du blues. Le 5 octobre, de la musique toujours mais dans des couleurs plus rock avec Jerry Fish, que l’on avait pu rencontrer en 2017 aux Bains Douches. Cette fois l’Irlandais, de son vrai nom Gerard Whelan, prendra d’assaut le Granit et annonce quelques invités surprises. Son surnom lui vient du temps où il officiait avec le groupe An Emotional Fish, et Jerry Fish lui fut attribué par The Pogues… Une soirée où le rock – nécessairement alternatif – devrait le disputer au punk et aux couleurs latinos entre autres remous sonores… Bien d’autres rendez-vous musicaux attendent le public cette année entre Belfort et le Pays de Montbéliard, dont le folk hip-hop argentin de Femina, à découvrir aux Bains Douches le 17 octobre, ou encore Feu ! Chatterton le 26 octobre à la MALS.
Si l’on attend encore de découvrir ce qu’il adviendra de la longue (et belle) histoire de création théâtrale au Granit de Belfort, à l’issue de cette fusion des deux scènes nationales, la programmation cette saison nous réserve cependant quelques beaux moments, entre répertoires classiques (l’adaptation de George Dandin par Jean-Pierre Vincent les 6 et 7 novembre au Granit) et auteurs d’aujourd’hui (Des hommes en devenir, adaptation par Emmanuel Meirieu d’un roman de l’écrivain américain Bruce Machart le 9 janvier prochain au Granit). En matière de danse également, l’offre sera riche. Le volet chorégraphique s’ouvrira le 10 octobre avec la venue de Jean-Claude Gallotta, qui rend hommage à plusieurs artistes rock féminines, des icônes telles Marianne Faithfull, Janis Joplin et bien d’autres. Le rock, mais aussi ses courants parallèles comme la Soul (Aretha Franklin, Tina Turner) ou le folk (Joan Baez). Qu’elle aille se greffer au cirque, comme dans L’après-midi d’un foehn et Vortex de Phia Ménard, magiques et poétiques chorégraphies pour sacs plastiques (du 7 au 10 novembre), ou au burlesque à travers le duo inattendu Mathilde Monnier/La Ribot (Gustavia à découvrir le 20 novembre au Théâtre de Montbéliard), la danse ne cesse de se renouveler, comme elle le fait avec Monchichi. La Compagnie Wang Ramirez, si elle place le hip-hop au cœur de ses créations, nous démontrera ainsi le 18 décembre que les origines culturelles éclatées du couple formé par Honji Wang et Sébastien Ramirez, se reflètent dans une danse qui loin d’être cacophonie de mouvements, intègre avec fluidité leurs différentes influences (entre Asie et Méditerranée).
Le cirque sera aussi de la partie cette saison avec plusieurs spectacles, dont quelques noms bien connus du public du Pays de Montbéliard, comme Loïc Faure qui nous proposera, avec sa compagnie Jongloïc les 29 et 30 novembre, une création autour de la vie en communauté, le tout dans un univers circassien qui fait intervenir jonglerie, acrobaties et autres disciplines dont l’artiste, qui vit aujourd’hui en Belgique, a le secret. Clos convoque deux musiciens et trois acrobates. En évoquant le vivre-ensemble, les relations et les contradictions qui régissent notre rapport à l’autre, Loïc Faure s’inscrit tout à fait dans cette nouvelle scène pour qui les arts du cirque sont un Art à part entière, qui sait nous émerveiller tout en abordant des thèmes nous concernant tous. Un art qui sait aussi s’interfacer aux autres disciplines comme nous le montreront les artistes du Cirque Éloize, venus de la Belle Province, des Québécois qui mêlent leurs agrès à des projections vidéo, et savent aussi ménager des moments de théâtre et de danse.
– Dominique Demangeot –