Agnès Mathieu-Daudé – La ligne Wallace

ROMAN

Flammarion

Sortie le 10 mars 2021

Exilé dans la petite ville de Durham en Angleterre, Amos Picard, chercheur français en biologie, occupe ses soirées en tentant de rédiger la biographie d’Alfred Wallace, considéré comme le père de la théorie de l’évolution des espèces avec Darwin. En terre inconnue dans un quartier gris et frappé par la crise, le jeune scientifique va éprouver ses propres facultés d’adaptation, au risque de voir ses certitudes remises en question.

Agnès Mathieu Daudé - La ligne Wallace - Flammarion - Chronique roman

Si seul le nom de Darwin est passé à la postérité, Amos envie la carrière de Wallace, sa vie bien remplie et mouvementée. Le Britannique fut en effet naturaliste, géographe, explorateur, anthropologue et biologiste, et par ailleurs l’un des premiers à proposer une répartition géographique des espèces. Employé à la fondation Wallaciana, ONG œuvrant pour la biodiversité, Amos a l’impression que sa carrière est au point mort, tout comme sa relation avec Elizabeth, la femme de son patron. « Ma propre vie n’en a aucun, de sens, sinon celui que je mets dans des excréments de rhinocéros et peut-être dans un livre que je n’ai toujours pas écrit », se morfond le scientifique de 35 ans.

La ligne Wallace n’est en rien une biographie de ce dernier, mais le chercheur est constamment présent à travers le regard d’Amos, Agnès Mathieu-Daudé distillant quelques informations sur ses théories scientifiques, mais aussi sur l’engagement social de Wallace, qui fut réel, ses opinions sur le mariage et l’émancipation féminine, sans oublier son attirance (étonnante de la part d’un scientifique) pour l’au-delà, l’occasion d’une scène de spiritisme pour le moins cocasse. D’ailleurs, les carrières et les amours contrariées, les dangers que fait courir l’homme sur la biodiversité, n’ont pas raison de la belle légèreté de ton dont fait souvent preuve Agnès Mathieu-Daudé dans son troisième roman.

« Les vies humaines se sédimentent-elles de la même façon que les particules charriées par les fleuves ? »

En sept petites journées pluvieuses, l’autrice parvient à dépeindre une micro-société (Durham est à la fois une ancienne cité ouvrière, laborieuse et populaire, tout en accueillant l’une des universités les plus en vue d’Angleterre), un laboratoire où se déploie le jeu des relations sociales, professionnelles et amoureuses. L’occasion d’« érafler le vernis », comme le dit Amos. Mais plus facile à dire qu’à faire, d’autant que des événements inattendus viennent perturber sa vie (trop) rangée, à l’image d’un jeune homme lui demandant son aide, cherchant à fuir une communauté juive quelque peu envahissante. « Est-ce que cela a un sens, de vivre en dehors de son milieu ? », se demande alors Amos lorsqu’il s’agit d’aider son prochain, mais peut-être pense-t-il aussi à la situation d’Elizabeth, qui a gravi l’échelle sociale en épousant un brillant directeur de fondation. Amos lui-même parviendra-t-il à échapper aux souvenirs douloureux en lien avec sa mère ? La ligne Wallace nous interroge notamment sur notre aptitude à opérer un pas de côté, échapper à ce que l’on appelle communément les contingences. Dans ses travaux, Wallace a d’ailleurs étudié la pression écologique contraignant les espèces à s’adapter à leur environnement, sous peine de disparaître. Reste à savoir si Amos, Elizabeth et les autres parviendront à se mettre au diapason, et si les nuages finiront par laisser filtrer quelques rayons.


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