Après une édition anniversaire l’an dernier, l’Association Bourguignonne Culturelle inaugure donc un deuxième quart de siècle en ce qui concerne son temps fort jeune public, À Pas Contés. Les compagnies déferleront un peu plus tôt sur l’agglomération dijonnaise pour cette 26ème édition puisque le festival débutera le 30 janvier prochain. Jusqu’au 13 février, le Théâtre des Feuillants et plusieurs lieux partenaires accueilleront les artistes.
Comme toujours, À Pas Contés est l’occasion de mettre en lumière des compagnies régionales. Ce sera notamment le cas cette année avec La Dame du Premier qui présentera (en collaboration avec Le Ruban Fauve), Miche et Drate, mêlant arts du clown… et philosophie. “Le clown et la philosophie ont en commun de s’interroger sans cesse sur leur rapport au monde, de s’étonner des choses, de les questionner, les retourner dans tous les sens”, expliquent Irène Chauve et Frédérique Moreau de Bellaing. “Ils font avec presque rien tout un monde qu’ils construisent et déconstruisent sans cesse.” Ces deux clowns métaphysiques, nés sous la plume de Gérald Chevrolet, seront incarnés sur scène par deux comédiennes dans un décor de prairie, et évoqueront quelques grandes questions autour de la peur, l’identité, “les rapports de pouvoir, de guerre, d’amitié, d’amour ?”
Bien d’autres questions (philosophiques ou non ! ) sont généralement soulevées lors du festival À Pas Contés, comme celle de grandir tout simplement, à l’instar de Comment je me suis transformée, par la cie BananaFish en compagnonnage avec Plexus Polaire. Il s’agira de la première création de BananaFish qui emploie la manipulation d’objets et les marionnettes pour raconter ses histoires, s’inspirant ici des nouvelles d’Olga Sedakova. Une plongée dans l’imaginaire de l’enfance, et de celui de la petite Olia en particulier. Pour fuir un monde qu’elle ne comprend pas toujours, Olia se transforme en poule, en chien, en ours ou même en orage… Ce rendez-vous est organisé en coréalisation avec Le Cèdre. Et à Chenôve, on pourra découvrir également Casimir, qui traitera cette fois de l’exil et de la peur de l’autre, comme évoqué dans notre article sur le Cèdre (ici).
Avec Spécimen, de la cie Arnica, c’est une adulte que l’on rencontrera cette fois. Mme Afarensis a 46 ans, employée au SuperGéant. Ici encore, c’est une métamorphose qui est évoquée. “Mme Afarensis veut se défaire d’une situation professionnelle humiliante”, souligne Émilie Flacher, “d’une vie connectée et plastifiée, d’un âge de sa vie de femme révolu.” La metteuse en scène a souhaité faire traverser à son personnage différentes couches géologiques, jusqu’à revenir à l’apparition de la vie… Un sacré voyage mouvementé qui va l’amener dans un ancien entrepôt Amazon désaffecté ou dans un arbre, poursuivie par des CRS ou des dinosaures… Manière cocasse et radicale de dénoncer “une vision de la modernité qui voudrait qu’on aille du moins bien au mieux”, ajoute Émilie Flacher. Les formes seront diverses sur À Pas Contés, à l’image de Moé Moé Boum Boum mêlant musique, danse et arts plastiques pour présenter aux enfants dès 2 ans deux créatures, mi-humaines mi-Yōkais, êtres surnaturels de la tradition japonaise. Quant à la cie Melampo, elle évoquera le phénomène de la mue des insectes en mêlant arts plastiques et sonores avec Imago. Le festival présentera en tout 17 spectacles, ainsi que des ateliers, rencontres, exposition…
– Dominique Demangeot –
À Pas Contés, Dijon et agglomération, du 30 janvier au 13 février
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