Talant – Téléphone-moi à L’Ecrin

Reportage de Diversions lors des répétitions fin 2020

En novembre, la salle de l’Écrin à Talant accueillera la dernière création de la compagnie f.o.u.i.c., une plongée dans la France des cinquante dernières années, un demi-siècle où se mêlent le récit intime d’une famille et la grande Histoire.

Photo : Stéphane Audran

Dans Téléphone-moi, les générations et les époques s’entrecroisent et la pièce n’a pas un déroulement chronologique. Les grands-parents, le fils et la petite- fille vivent chacun à leur manière les conséquences d’un secret de famille, un « venin » inoculé de génération en génération. « On arrive dans les années 1998 où la fille est quasiment SDF. On suppose qu’elle se drogue, qu’elle boit, elle ne va pas bien du tout » explique Jean-Christophe Dollé, qui joue dans la pièce et a écrit le texte. « Et malgré tout, elle est dotée d’une force de vie incroyable, et va faire la bonne rencontre au bon moment. » En dépit des événements tragiques, initiés lors de la Deuxième guerre mondiale, les personnages de la pièce vont tenter de dénouer « les nœuds familiaux » comme le dit encore Jean-Christophe. « On sent qu’il y a un redémarrage, qu’ils sont portés vers la vie. »

Au centre de Téléphone-moi, il y a donc la famille, dont on reconstitue l’histoire à la manière d’un puzzle, et le thème de la filiation et de la transmission. Une famille que l’on pourrait appeler de nos jours dysfonctionnelle. « Les personnages ne commettent pas de crimes. Au contraire ils ne se font du mal qu’en s’aimant par maladresse. Ils s’aiment mais ne savent pas comment se le dire. » D’où le titre de la pièce, référence à la célèbre chanson de Nicole Croisille : « Téléphone-moi, appelle-moi et dis-moi que tu m’aimes. » La scénographie illustre les trois périodes de la pièce : les années 1940 et la libération de Paris, les années 1980 et enfin le tout début des années 2000, évoquant aussi ces lieux emblématiques que furent les cabines téléphoniques, avant l’avènement des mobiles. « On avait eu une cabine dans la scénographie de la pièce  »Je vole… et le reste je le dirai aux ombres », et on trouvait que cet objet était vraiment chargé d’affect pour tout le monde », précise Clotilde Morgiève, comédienne et metteuse en scène. Elle compare d’ailleurs ces cabines à « un phare dans la nuit, comme un asile pour des sans-abris. » C’est aussi une façon de s’interroger sur les nouvelles manières de communiquer, « et sur le rendez-vous, une notion en train de disparaître. Le rendez-vous c’était un horaire et un lieu précis. Aujourd’hui comme on est en connexion permanente, on peut toujours changer de lieu de rendez-vous, d’endroit… et finalement le côté solennel du rendez-vous, même festif et romantique, est un peu en train de disparaître. »

Si Clotilde affirme que la pièce n’est pas autobiographique, elle remarque cependant la présence, dans le décor, de l’album Panini de la Coupe du monde de football 1982 de Jean-Christophe… qui a pris soin de bien marquer les repères chronologiques, également à travers le langage. « Je voulais donner un style particulier aux époques, donc les années 1940 c’est un langage un peu plus chargé, un peu plus écrit que les années 1980 et les années 2000. Et puis il fallait tirer ces fils, ce n’est pas simple de faire des liens d’une génération à l’autre avec des gens qui ne se parlent que par téléphone interposé ! »

– Propos recueillis par Caroline Vo Minh –

Téléphone-moi, Talant, L’Écrin,
25 novembre à 20h – lecrin.talant.fr

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