Sandrine Malika-Charlemagne – La Voix du Moloch

ROMAN

Velvet

Le monde de l’édition est sans pitié. Un livre qui ne reçoit pas de critique dès sa sortie est mort commercialement. Pourtant la littérature se veut intemporelle, et c’est pourquoi il faut accepter de ne pas se laisser happer par le culte de l’immédiateté, revenir en arrière et reconnaître que l’on est passé à côté d’un ouvrage important. C’est parfois le hasard qui permet d’offrir une seconde chance à un auteur.

Sandrine Malika-Charlemagne - La Voix du Moloch - Chronique dans le magazine DiversionsC’est dans un festival littéraire estival, à Eymoutiers, que l’on a rencontré Sandrine-Malika Charlemagne. Elle participait à un débat animé par l’écrivain Serge Quadruppani, qui n’a pas tari d’éloges sur ce roman. La lecture par l’autrice d’extraits a achevé de nous convaincre que c’était un livre à lire. Puis, la routine, les autres bouquins qui s’amoncèlent près du lit, les emmerdes, la vie quoi… ont longtemps retardé la lecture de La voix du Moloch.

Récit sur le rapport mère-fille, sur les reproches que l’une et l’autre peuvent se faire, La Voix du Moloch est aussi une description du rapport douloureux à la culture pour ceux qui connaissent une ascension, si minime soit-elle : une culture qui vous libère en vous arrachant aux vôtres. Ici Alice pourrait, en parlant de sa mère, paraphraser Martin Eden dans le roman de Jack London et constater, amère, que trop de livres la séparaient d’elle. Les pensées d’Alice sont peuplées de toutes ces références étrangères à sa mère. Elle n’est pourtant pas devenue riche, connaît les fins de mois difficiles, mais est bien passée dans un autre monde, celui des intellos (précaires). Un roman dont le dénouement tragique l’entraine du côté du polar, mais qui ne se limite pas à cela et se compose de plusieurs strates pour aborder différentes thématiques, racisme, double identité (Alice a un père Algérien), le Paris populaire, le bilan qu’Alice fait de sa propre existence, la quête de l’amour, et cette Voix du Moloch qui sans cesse l’interpelle…

– Martial Cavatz –

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