Ornans – Exposition Courbet et l’Impressionnisme

Parcourir la forêt de Fontainebleau, longer la côte normande, arpenter le pavé parisien et même prendre part à la Commune de Paris en 1870, voici le programme que vous propose le Musée Courbet jusqu’au 17 octobre prochain, à l’occasion de son exposition consacrée à l’impressionnisme. Gustave Courbet fut l’un des précurseurs du mouvement. Cet aspect majeur de son œuvre est mis en ce moment en perspective, au musée qui porte son nom à Ornans, avec d’autres artistes tels que Corot, Daubigny, Boudin, Monet et bien d’autres.

Jules Coignet Peintres dans la forêt de Fontainebleau huile sur toile, 24,7 x 18,5 cm Musée départemental des peintres de Barbizon © Musée départemental des peintres de Barbizon

Jules Coignet
Peintres dans la forêt de Fontainebleau
huile sur toile, 24,7 x 18,5 cm
Musée départemental des peintres de Barbizon
© Musée départemental des peintres de Barbizon

Explorant les relations entre Courbet et ses contemporains, la nouvelle exposition estivale, organisée en partenariat avec le musée d’Orsay, présente plus de quatre-vingt œuvres impressionnistes, et nous fait ainsi voyager de Barbizon en région parisienne, à la Normandie. Elle nous invite à suivre les pas des précurseurs de l’impressionnisme, en nous rendant notamment dans la forêt de Fontainebleau où les peintres paysagistes de l’École de Barbizon donneront naissance au mouvement. C’est l’observation directe de la nature qui modèle leur regard, et pendant un demi-siècle, à partir de 1825,  de nombreux artistes, venus d’horizons parfois très différents, vont fuir l’urbanisation galopante, trouvant refuge dans une nature qui demeure préservée des assauts de l’homme moderne. Ces artistes vous alors donner à la peinture paysagiste ses lettres de noblesse. Jean-François Millet, Camille Corot, Théodore Rousseau entre autres peintres, vont chacun exprimer, à leur manière toute personnelle, tour à tour romantique, classique ou réaliste, cette relation intime à leur environnement, s’inspirant notamment des aquarellistes anglais pour saisir l’instant. L’invention du tube de peinture qui arrive en France en 1841, rendra d’ailleurs plus aisés les travaux en plein air, incitant les artistes à sortir de leurs ateliers. Les impressionnistes s’inspirent de l’esquisse pour conférer à leurs touches une vigueur nouvelle. Le traitement de la lumière devient essentiel. C’est bel et bien un renouveau esthétique majeur qu’allait apporter l’impressionnisme.

Sortir de l’atelier – Reportage vidéo de Diversions

Claude Monet Bord de mer Pastel sur papier, 17,5 x 28 cm Hélène Bailly Gallery ©Droits réservés

Claude Monet
Bord de mer
Pastel sur papier, 17,5 x 28 cm
Hélène Bailly Gallery
©Droits réservés

Parallèlement à la forêt de Fontainebleau, c’est aussi sur la côte normande, en 1841, que Gustave Courbet travaille et rencontre les futurs impressionnistes, la Normandie qui devient également, au début du XIXe siècle, un lieu très prisé et le cadre idéal pour un certain retour à la nature. S’y installent bourgeois, aristocrates… et artistes ! Ces derniers disposent ainsi d’un paysage toujours changeant, qu’il s’agisse du ciel ou de la mer. Dès 1920 et sous l’influence des paysagistes romantiques anglais tel Turner, des peintres français comme Huet ou Mozin estompent les contours et les arrière-plans, jetant là encore les bases de l’impressionnisme. « Je suis enchanté de ce voyage qui m’a développé beaucoup les idées sur différentes choses dont j’avais besoin pour mon art », dira Courbet. « Nous avons enfin vu la mer, la mer sans horizon (que c’est drôle pour un habitant du vallon). Nous avons vu les beaux bâtiments qui la parcourent. C’est trop attrayant, on se sent entraîné, on voudrait partir voir le monde entier ».

Peindre la mer – Reportage vidéo de Diversions

L’exposition nous fait également découvrir les bords de Seine de Bougival, Argenteuil, Louveciennes. L’auberge Saint-Siméon est un autre lieu emblématique de l’impressionnisme. En juin 1859, Courbet y rencontre le peintre Eugène Boudin, qui passera du paysagisme classique au réalisme, puis à l’impressionnisme. Boudin fait découvrir Honfleur à Courbet et à son ami Schanne. Dans cette auberge, vont se retrouver de nombreux artistes. Comme tout courant pictural, l’impressionnisme nait en opposition à l’académisme. Le cadre de réalisation des tableaux est quant à lui essentiel. Peignant en extérieur, les artistes doivent composer avec une lumière toujours changeante. Les coups de pinceaux doivent donc être exécutés rapidement, les couleurs posées par touches pour capter la lumière souhaitée, avant que celle-ci ne disparaisse.

Edouard Manet Portrait de Gustave Courbet, vers 1884 Gillotgraphie, 31 x 26 cm Ornans, musée Gustave Courbet ©Musée Gustave Courbet / photo : Pierre Guenat

Edouard Manet
Portrait de Gustave Courbet, vers 1884
Gillotgraphie, 31 x 26 cm
Ornans, musée Gustave Courbet
©Musée Gustave Courbet / photo : Pierre Guenat

Autre lieu de rencontre et d’échanges, la capitale qui n’est pas oubliée dans l’exposition, en particulier dans le cadre de ce que l’on a appelé « le groupe des Batignolles » à partir des années 1860, à une époque où fleurissent des ateliers privés. Plusieurs expositions seront organisées par le groupe entre 1874 et 1886. Le visiteur pourra en outre découvrir les différents sujets traités par les impressionnistes. Il y eut le paysage bien sûr, qui serait désormais davantage qu’un simple décor. Ainsi Les Demoiselles des bords de la Seine de Courbet, fera scandale en 1857, de par l’imposante dimension de la toile,  que l’on réservait d’ordinaire aux sujets religieux et historiques, et du fait qu’il montre des femmes déshabillées. Édouard Manet ira dans ce sens avec son célèbre tableau Le Bain en 1863, que l’on connaîtra plus tard sous le nom de Déjeuner sur l’herbe. Plusieurs œuvres croisées sont présentées dans l’exposition, dans différentes thématiques : portraits féminins, natures mortes, auxquelles les impressionnistes redonnent leurs lettres de noblesse, scènes de genre représentées dans de grandes dimensions à l’image du célèbre Enterrement à Ornans, une plongée dans le quotidien et la société de l’époque. « L’art historique est essentiellement contemporain », dira Courbet. « Chaque époque doit avoir ses artistes qui l’expriment et la reproduisent pour l’avenir ».

Exposition Courbet et l’Impressionnisme, Musée Courbet, Ornans, du 9 juillet au 17 octobre 2016
www.musee-courbet.fr

Autour de l’exposition

Lecture théâtralisée « Courbet et les impressionnistes »
Mercredi 20 juillet et samedi 6 août à 11h et 15h
Par la compagnie Mala Noche

Concert « les plus belles mélodies impressionnistes »
Samedi 27 août à 11h et 15h
Par Jean Louis Georgel, baryton, et Arthur Schoonderwoerd, pianiste

Visites théâtralisées
« Courbet vu par Jo ou quand le Modèle peint l’artiste »
Samedi 17 septembre à 14h30, 15h30 et 16h30
Par la compagnie Keichad

Concert « le violoncelle impressionniste »
Samedi 24 sept à 11h et 15h
Par François Michel, violoncelliste, et Arthur Schoonderwoerd, pianiste.

Rencontre « Courbet, précurseur des impressionnistes ? »
Dimanche 9 octobre à 15h
Par Chantal Duverget, docteur en histoire de l’art.

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