Neeli Cherkovski – Charles Bukowski, une vie

BIOGRAPHIE

Au diable vauvert

Parution le 7 mars 2024

Le 19 mars dernier, Neeli Cherkovski s’en allait rejoindre son pote de toujours au royaume des clochards célestes. Le poète de San Francisco a longtemps côtoyé Bukowski. C’est même ce dernier qui l’avait encouragé à écrire cette biographie. Publié pour la première fois en 1991, Bukowski, une vie se voit agrémenté d’une préface inédite par son auteur, également servi par une nouvelle traduction à l’occasion de cette publication chez l’éditeur Au diable vauvert.

Neeli Cherkovski - Bukowski, une vie - Au diable vauvert - Chronique dans le magazine DiversionsSi 25 années les séparaient, une solide amitié liait Neeli Cherkovski et Charles Bukowski qui se sont rencontrés dans les années 60. Les deux hommes se perdirent de vue, mais cela n’a pas empêché l’auteur du Journal d’un vieux dégueulasse de beaucoup se confier à son jeune ami, sur son enfance baignée entre un père violent et strict (l’épisode de la pelouse !) et une mère distante, ses premiers pas d’écrivain, sans oublier les femmes qui ont partagé son existence, de Jane Cooney Baker, première muse, relation tumultueuse et éthylique, à Linda Lee, peut-être la seule qui sut vraiment composer avec la « part secrète de Hank ». Première nouvelle publiée en 1944, job à la poste pendant plus de douze longues, très longues années qui lui inspireront son premier roman en 1971, Post Office, Bukowski, une vie est un condensé de la vie du poète légendaire de LA, qui publiera son premier recueil de textes à 40 ans. Une biographie toute imbibée de la philosophie de Bukowski. « C’est difficile, les gens », confiera-t-il un jour à Neeli Cherkovski. Pourtant le Buk n’aura de cesse d’écrire sur l’humanité, surtout les laissés pour compte comme lui, qui ne faisaient définitivement pas partie du « club des garçons aux ongles propres ».

Neeli Cherkovski évoque en particulier la poésie de Bukowski, basée sur une « imagerie directe et commune qui est le propre de sa poétique ». Bukowski, poète du quotidien, de l’intime qui devra cependant assumer sa célébrité, « piège spirituel » selon ce dernier. Neeli Cherkovski questionne d’ailleurs parfois l’homme public et sa « tendance à glorifier et exagérer ses crises de mélancolie ». La biographie fait aussi la part belle à la relation qu’a entretenue Bukowski avec le petit monde des revues indépendantes. Cherkovski n’oublie pas Los Angeles, Cité des Anges, de Hollywood et de ses stars, mais aussi repère de déclassés, sous-tendue par toute une communauté de freaks, à la marge, illustrant là encore « [c]e sentiment d’être extérieur à la normalité ». S’il cite beaucoup son ami poète, reprenant à la source bribes de conversations et extraits d’écrits, Neeli Cherkovski nous abreuve aussi en anecdotes et relate notamment un voyage en Europe, l’écrivain partant sur les traces de sa famille allemande (sans oublier l’épique prestation à l’émission Apostrophe). L’ami de Bukowski évoque enfin les influences de ce dernier : Fante, Dostoïevski, le poète Robinson Jeffers surtout, « son vieux maître ». Il fait la lumière sur une facette plus sensible de l’écrivain, et surtout moins relatée dans les médias que les frasques du bonhomme, dont l’image de poète punk était davantage vendeuse. Bukowski demeure « l’outsider par excellence ».

Dominique Demangeot

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