Father John Misty – Pure Comedy

Article publié à l’origine dans l’édition de mai 2017 du journal Diversions (consulter le PDF ici)

Quand débarque Fear Fun il y a cinq ans, on est complètement déboussolé et subjugué. Enfin, plus précisément, les personnes qui suivaient J. Tillman. En effet, lassé d’être un artiste folk méconnu, il entame une mue radicale. Finis le dépouillement et l’introspection, place au charisme et à l’humour de Father John Misty.

Father John Misty - Pure ComedyFear Fun était donc l’album qui marquait la rupture avec l’ère J. Tillman et le début d’une collaboration symbiotique avec Jonathan Wilson. Avec cette première longue production, Misty explore la folk, le rock, la country avec une maitrise totale qu’on n’aurait jamais soupçonnée. Un disque qui a tourné encore et encore, à en user les saphirs. Puis deux ans plus tard, FJM dévoile I Love You, Honeybear, une déclaration d’amour magistrale à sa belle et muse Emma. Et cette année, sans crier gare, Father John Misty offre (encore) un chef d’œuvre, rien de moins.

Avant même de sortir dans les bacs, Pure Comedy faisait parler de lui en tant qu’album engagé, un pamphlet anti-Trump où l’on a même pu lire que ça n’allait pas à Josh Tillman de se poser en donneur de leçon. Pure connerie dira-t-on, d’autant plus que c’est souvent dans ces moments qu’on trouve les meilleurs titres d’une œuvre (ex : Neil Young et Ohio). Pure Comedy, contrairement à ses aînés, possède une cohérence tout au long de son écoute. Là où sur Fear Fun on trouvait un titre rock comme Hollywood Forever Cemetery Sings ou une compo électro comme True Affection sur Honeybear, ici toutes les pistes se tiennent sur un même ton, où le piano est le fil conducteur. Mais là où ceci pourrait rendre les choses monotones chez certains, la force des arrangements concoctés par Jonathan Wilson et le nouveau venu Thomas Bartlett fait entrer l’album dans une autre dimension, et ce sans morceaux destinés à devenir des tubes.

Si à la première écoute de Pure Comedy, on fait une légitime comparaison avec Elton John – chose totalement assumée et avouée par Tillman -, on va très vite se rendre compte que les treize pistes qui composent le LP vont plus loin que ça. Le piano pose la base d’un canevas d’arrangements qui donnent de l’ampleur aux titres, et leur justesse magnifie une compo comme Things It Would Have Been Helpful To Know Before The Revolution, qui sur un tapis de velours voit une envolée de cordes laisser place à la grandiloquence d’une salve de cuivres à la John Barry. Une perspective cinématographique que confirme le final de In Twenty Years Or So. On retrouve les cuivres qui donnent une toute autre couleur à Total Entertainment Forever, devenant un formidable titre de soul blanche. Pure Comedy est un album d’une pure beauté, qui parfois se laisse entrainer au rythme d’une valse habillée par la rondeur d’une basse (Bigger Paper Bag) ou laisse rêveur au son d’un voyage onirique (Two Wildly Different Perspectives). Misty ne délaisse cependant jamais ses racines folk (The Memo et sa parenté avec le Loner, Smocchie). Le prêcheur Misty se cache le temps de deux morceaux fleuves, où il se dévoile en comptant sa vie dans les moindres détails (Leaving LA) et où le fantôme du J. Tillman de Valicando Territory Blues resurgit (So I’m Growing Old On Magic Mountain), preuve que l’artiste a trouvé le juste équilibre entre ses deux alter égo.

Album riche, engagé, introspectif, Pure Comedy dévoile des choses nouvelles à chaque écoute. Il est le résultat de l’alchimie parfaite entre trois hommes qui livrent ici l’œuvre d’un artiste de génie. Une œuvre qui n’en est qu’à ses balbutiements…

Florian Antunes Pires

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