Emma Ruth Rundle – Engine Of Hell

FOLK

Sargent House

Le dernier opus d’Emma Ruth Rundle s’ouvre sur un abyssal piano-voix, et il va falloir vous y faire car le reste d’Engine Of Hell est de la même teneur. L’Américaine quitte le larsen déployé sur On Dark Horses en 2018 pour des climats plus sobres, mais non moins sombres.

Emma Ruth Rundle - Engine Of HellQu’Emma Ruth Rundle se mesure à un clavier ou une guitare, c’est toujours le dépouillement qui règne sur ce cinquième album solo, tout au plus entend-on quelques cordes ou overdubs vocaux qui viennent souligner le clair-obscur de l’univers de la chanteuse qui débutait sa carrière en 2007 au sein du groupe The Nocturnes. Mais sobriété ne signifie pas ennui, et le timbre d’Emma se balade sans peine sur plusieurs octaves, sans effets ajoutés (pas même une réverb’ qui traîne !). La chanteuse guitariste des post-rockeurs californiens de Marriages tente de faire fuir ses démons (ou de les dompter), et c’est sans surprises que s’invitent comme thématiques les addictions, la séparation et la solitude, ces moments douloureux quand seul l’alcool ou d’autres substances peuvent vous envoyer dans les bras de Morphée. Toutes ces expériences nourrissent le propos d’Engine Of Hell. Emma Ruth y retrouve l’instrument de son enfance, le piano, ajoutant une corde supplémentaire à un registre déjà bien complet.

La chanteuse aurait dû passer par le Pays de Montbéliard, dans le cadre de la programmation du Moloco en ce mois de février, mais ce n’est que partie remise. Sa musique devrait prendre une teinte particulière entre les vénérables pierres du temple de Dampierre-les-Bois, à l’image de titres comme Body qui n’est pas sans rappeler l’osmose qui peut exister entre Toris Amos et son piano, ou encore The Company et les caresses des doigts sur les cordes. Quant à In My Afterlife qui clôt le disque, ses allures de marche funèbre feraient presque passer Nick Drake pour un joyeux drille. Engine Of Hell évolue en équilibre fragile entre tension et recueillement. Une rage contenue comme le trahissent les accords quelque peu énervés de Citadel, même si l’on est très loin de la collaboration récente d’Emma avec les métalleux de Thou. Engine Of Hell distille une absinthe folk addictive, produite en quasi-live.

– Dominique Demangeot –

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