Besançon – À poils aux 2 Scènes, Théâtre Ledoux

En février 2020, Diversions rencontrait Alice Laloy sur le plateau de la Comédie de Colmar, où la metteuse en scène mettait les dernières touches à sa création À Poils. La pièce poursuit sa tournée par Les 2 Scènes en ce mois de mai.

Photo : Jean-Louis Fernandez

À Poils met aux prises un jeune public avec trois hommes adultes, et qui plus est, à la pilosité bien affirmée !
Ce sont en effet trois hommes, des roadies qui ne sont pas sensés, a priori, s’adresser aux enfants en bas âge. Quand le spectateur rentre dans la salle, rien n’est installé, rien n’est mis en place comme prévu.

Le décor est d’ailleurs en évolution perpétuelle durant le spectacle…
Les roadies vont transformer tout l’espace du plateau sous le regard des spectateurs, en les repoussant d’un côté, en les faisant se promener sur le plateau, circuler, voyager, pour petit à petit les intégrer à l’intérieur d’un espace qu’ils vont construire autour d’eux.

Toute une mécanique se met en place, notamment lorsque les comédiens installent le décor à vue.
Il y a vraiment un mélange entre tout le vocabulaire qui est mécanique et un vocabulaire qui est organique, puisqu’ils sont sur le plateau avec des caisses, du matériel, un mat télescopique, des flight-case, une bâche… Les caisses se déploient, le mât s’allonge. Le vocabulaire organique est lié à leurs poils qui poussent, qui se rallongent et qui petit à petit s’hybrident pour devenir de plus en plus colorés, et envahir tout.

En répétition, on vous voit travailler une véritable chorégraphie en compagnie des comédiens, notamment lorsque ces derniers doivent manipuler tout un écheveau de cordes.
Il y a une partition extrêmement technique à mettre en place et en effet, on ne peut pas tirer des fils comme ça. C’est orchestré de manière à ce qu’il y ait du rythme, il faut que ça swingue !

Vous collaborez aussi avec le guitariste Csaba Palotaï.
Oui toute cette transformation se fait au rythme de la musique de Csaba. C’est un jeu d’écriture rythmique, pour les objets et les déplacements dans l’espace.

Photo : Jean-Louis Fernandez

Vous jouez d’ailleurs avec les échelles…
Dans l’enfance, c’est très prégnant ce rapport à l’espace, où tout ce qui est grand nous paraît immense, et tout ce qui est immense nous paraît un désert. Les jeunes spectateurs arrivent dans un espace immense assez froid et vide. Petit à petit ça se resserre. Ils vont se retrouver comme sous une tente, un cocon de merveilleux.

Pour la plupart des enfants, qui peuvent voir le spectacle à partir de quatre ans, c’est le premier rendez-vous avec le théâtre…
On ne va pas au théâtre toutes les semaines, c’est quelque chose de rare donc de précieux. Plus l’expérience sera forte, plus elle pourra laisser une trace et accompagner la personne. Il y a aussi un champ de possibles qui est vaste.

À Poils ne propose pas quelque chose de strictement narratif.
Oui cela ouvre un autre champ de relation avec les adultes qui sont sur le plateau. Ce sont des acteurs performeurs. On n’est donc pas dans une fiction,une narration fictive avec une histoire, des personnages. C’est plutôt une expérience que l’on propose de traverser et de vivre, une expérience de spectateur. Les roadies restent dans leur attitude personnelle de roadies, et puis petit à petit ils se transforment, se mettent à jouer, à danser et prendre du plaisir. Faire un montage devient une sorte de jeu, un peu comme dans une comédie musicale.

– Propos recueillis par Dominique Demangeot –

À Poils, Besançon, Théâtre Ledoux (Les 2 Scènes), du 3 au 7 mai
les2scenes.fr

Reportage de Diversions tourné lors des répétitions de février 2020 à La Comédie de Colmar

a poils, alice laloy, Besançon, Doubs, Franche Comté, jeune public, les 2 scènes, théâtre Ledoux

Powered by WordPress. Designed by Woo Themes

WordPress SEO fine-tune by Meta SEO Pack from Poradnik Webmastera