Wattwiller – Talents Contemporains #13 – Métamorphose à la Fondation François Schneider

Depuis le 31 octobre, sept jeunes artistes explorent le thème de la transformation et nous content, à travers des médiums divers, des récits de transitions, questionnent le changement. Le phénomène de la métamorphose est évoqué par les lauréats et lauréates de la treizième édition des Talents Contemporains, toujours au fil de l’eau, symbole (à la fois immuable et toujours changeant) du centre d’art de Wattwiller.

Tout processus de transformation comporte un danger, amène une incertitude, et la peinture de Pascale Ettlin nous porte justement à ce point d’équilibre où les choses pourraient basculer, et pas nécessairement du bon côté. La fillette sur une balançoire, dans le diptyque intitulé Perdre pied, pourrait bien tomber dans les eaux qui prennent peu à peu possession du monde en-dessous. Face au vertige de la société actuelle, faut-il faire le grand plongeon? Tout aussi délicat est l’équilibre instauré par Suhail Shaikh dans La délicate légèreté de l’être. Une goutte d’eau, formée à partir de plusieurs anneaux de papier concentriques, est suspendue à un fil au-dessus d’une surface liquide, nous rappelant la fragilité de toute chose.

© Pascale Ettlin, Perdre Pied, 2023 – Collection Fondation François Schneider

C’est aussi le rôle des artistes de nous interpeller sur certaines situations, comme en Israël où les Bédouins n’ont pas accès aux piscines pour apprendre à nager, se noyant ainsi fréquemment en mer. Une dénonciation qui devient acte de résistance. Vardit Goldner, avec Swimming Lesson, évoque également en creux la préoccupation grandissante du manque d’eau sur la planète, en raison du changement climatique. Et si l’on parle souvent de la terre nourricière, l’eau aussi est indispensable à la vie. Aurélie Scouarnec nous le rappelle avec sept images extraites de son projet Feræ. Elle a fréquenté des centres de soin pour la faune sauvage, où l’eau demeure un élément essentiel pour laver les animaux, les réhydrater, voire soigner leurs plaies. Certains de ces animaux vivent d’ailleurs dans des milieux aquatiques, et l’on observe ici leur évolution vers la guérison, lorsqu’ils pourront enfin retrouver leurs milieux naturels.

© Aurélie Scouarnec, Feræ, 2021 – Collection Fondation François Schneider

Et si l’on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, comme l’a dit le philosophe Héraclite, évoquant la finitude de toutes choses, le phénomène de cristallisation permet au contraire de figer un corps, procédé qu’a utilisé Élise Grenois pour sa pièce Les abris documentaires – aquatilis. Elle a remplacé les substances organiques d’animaux aquatiques par de la pâte de cristal, figeant ainsi leurs corps pour (dans) l’éternité.

Dans Lilith, installation sculpturale et sonore de Yosra Mojtahedi, circule un liquide blanc, fontaine autogénérée qui fait référence au lait nourricier ainsi qu’aux fluides corporels. Cette drôle d’entité semble animée d’une vie propre, tel un automate, grâce au liquide qui la traverse de part en part. Là encore dans un état médian entre la vie et la mort, entre fascination et répulsion. Le temps file tel un fleuve et Sève, de Maryam Khosrovani, se compose des souvenirs de l’artiste iranienne, avant l’exil. Les motifs artistiques et architecturaux de la tradition iranienne ressurgissent dans ces neufs pièces, tour à tour brodées, cousues ou encore teintes sur le papier.

– Paul Sobrin –

Talents Contemporains #13 – Métamorphose, Wattwiller, Fondation François Schneider, du 1er novembre au 29 mars fondationfrancoisschneider.org

alsace, art contemporain, exposition, fondation François Schneider, haut-rhin, métamorphose, talents contemporains 13, wattwiller

Powered by WordPress. Designed by Woo Themes

WordPress SEO fine-tune by Meta SEO Pack from Poradnik Webmastera