Sun Ra Arkestra – Swirling

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Strut Records

Le jazz, ça conserve ! Ce n’est pas Marshall Allen, saxophoniste bientôt centenaire, qui vous soufflera le contraire. Vingt-sept ans après la disparition de Sun Ra, son Arkestra est de retour en studio, à l’initiative d’Allen qui a décidé de remettre le vaisseau à flot. Avec une belle brochette de compères musiciens, la mythique et mystique formation enregistrait fin 2018 ce nouvel album, Swirling, qui prend un malin plaisir à séparer en deux une mer de musique inclassable, revisitant notamment quelques morceaux phares de l’Arkestra.

Sun Ra Arkestra - Swirling - Chronique album

Herman Poole Blount, alias Sun Ra, est parti retrouver ses pairs saturniens en 1993. Le compositeur et pianiste avant-gardiste a marqué le jazz (mais aussi la musique en général) à la barre de son Sun Ra Arkestra, laissant, au fil de ses nombreux projets, deux centaines d’albums bien tassées. Depuis A Song For The Sun en 1999, on n’avait pas réentendu le groupe sur un album original, même si l’Arkestra poursuit l’aventure en concert. Depuis la hometown de Philadelphie et les studios Rittenhouse Soundworks, Marshall et plusieurs membres émérites de l’Arkestra (Stanley Morgan, décédé en octobre 2018, Danny Ray Thompson qui nous quittait lui en mars dernier, Vincent Chancey, Knoel Scott, Michael Ray, Cecil Brooks, Tyler Mitchell et Elson Nascimento) ont redonné vie à cette machinerie virtuose et folle qu’est l’Arkestra.


On connaît la légende que Sun Ra s’est bâtie, à mi-chemin entre le space opera et l’Egypte ancienne, et ce n’est pas forcément le plus intéressant dans le bonhomme (même si l’Arkestra n’a pas abandonné cette dimension grand-guignolesque lors de ses concerts ces vingt dernières années). Mais passés les costumes de carnaval, les mises en scène outrancières et les cracheurs de feu (si si), le seul véhicule qui tienne vraiment la route pour un voyage interstellaire reste encore la musique. Et sur Swirling, on voyage assurément, dans plusieurs dimensions, un trip cosmique et chatoyant à l’image du clip illustrant Seductive Fantasy. L’album se compose d’une part de quelques standards de l’Arkestra, pour des versions 2020 de morceaux tels que Satellites Are Spinning qui vient s’amarrer pour l’occasion à Lights On A Satellite, Door of the Cosmos, qui elle rencontre Say. La playlist comporte également l’incontournable Rocket No. 9, publié en 1966 en pleine montée d’acide, ou encore Angels and Demons at Play. Citons encore Darkness, blues inédit déterré des archives de Sun Ra par Marshall Allen, collé à Sea Of Darkness rendue dans une belle version vocale. Ce dernier nous offre aussi une composition personnelle avec Swirling, où l’ambiance enfumée des big bands y est évidente. Les titres repris se sont évidemment vus attribuer de nouveaux arrangements et, fidèles à l’esprit de Sun Ra, ils emmèneront les adeptes du pianiste extraterrestre dans de nouvelles contrées. Pour les néophytes, accrochez-vous, et vérifiez que votre passeport intersidéral est à jour.

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