Strasbourg – Sombre Rivière au TNS du 14 au 25 mars

Le Théâtre National de Strasbourg accueille en ce moment Lazare. Le metteur en scène est en résidence au TNS pour mettre les dernières touches à sa création 2017, Sombre Rivière, à découvrir à Strasbourg du 14 au 25 mars. Une réflexion sur le devenir d’une société qui porte les stigmates de la violence, et sur la manière de dépasser nos différences, au sein de ce que Lazare appelle notre « société de la séparation ».

Lazare, metteur en scène de Sombre Rivière

Lazare, metteur en scène de Sombre Rivière – Photo : Jean-Louis Fernandez

 

Sombre Rivière au TNS

Photo : Jean-Louis Fernandez

Comme souvent avec Lazare, artiste associé au Théâtre National de Strasbourg, son théâtre se nourrit de musique et d’oralité, des mots de la rue. Dans Petits Contes d’amour et d’obscurité, dont Diversions vous avait parlé en 2014, il mettait en scène deux contes entre « le monde réel au-dedans, qui est la voix de la pensée, et le monde réel au-dehors ». Du conte, Lazare n’est jamais loin, pour confronter le réel à un ailleurs, un imaginaire d’où seul pourrait venir notre salut. L’homme de scène nous explique aussi que pour lui, le langage doit être « mis en jeu ». C’est par cet outil que l’artiste, et l’homme en général, tiennent leur place dans le monde. C’est peut-être pour cela aussi qu’aujourd’hui dans le processus d’écriture et de mise en scène de Lazare, l’improvisation, cette confrontation en direct avec le monde, avec autrui, est centrale. Sur Sombre Rivière, cependant, il travaille sur un texte écrit préalablement.
Il faut voir Lazare travailler au plateau, avec ses comédiens/musiciens, pour mesurer combien la langue est au cœur de son œuvre, une langue pour le moins non conformiste, avec ses pulsations, son rythme, matériau à éprouver, expérimenter, fouiller. « Mon désir est de trouver un équilibre entre un langage quotidien, une prose plus élaborée et une écriture poétique très ouverte », explique le metteur en scène qui veut transposer au plateau avec Sombre Rivière, comme il le dit encore, « le fourmillement du monde ». Un fourmillement qui a tendance, à travers nos différences, à nous séparer les uns des autres. Lazare souhaite au contraire mettre à jour des points de rencontre, ce qui nous relie. « Redonner de la force à la parole et du poids aux mots, et ne pas laisser la violence mettre tout sous le sol, mais faire que la terre redevienne un champ, où l’on peut dire des mondes, inventer des mondes », comme le confiait le metteur en scène lors de la présentation de saison 2016-2017 du TNS.

Sombre Rivière au TNS

Photo : Jean-Louis Fernandez

Le chant et la musique tiendront une place centrale dans Sombre Rivière. La musique pour transfigurer la violence du monde. Lazare convie notamment deux des chanteurs de La Rue Ketanou, Mourad Musset et Olivier Leite, entre autres compagnons de route. À l’image de cette langue d’aujourd’hui qu’il sculpte sur scène, Lazare évoque notre histoire en se coltinant le présent, de la guerre d’Algérie à la situation des banlieues lors de précédentes pièces, en tentant notamment de « rendre poétique la langue orale de ceux qui ne maîtrisent pas la langue savante, de ceux des marges d’une société cabossée ». L’artiste s’appuie sur la vitalité des mots – qu’ils naissent entre les pages d’un livre ou dans la rue – pour donner sa vision du monde et de son Histoire. Ici, le réel qu’a fouillé Lazare est celui de l’après-novembre 2015, post-attentats de Paris. Des événements sanglants qui ont impulsé des dialogues. Lazare s’est en effet entretenu avec le poète et homme de théâtre Claude Régy mais aussi avec sa mère. Deux points de départ, deux racines et deux univers à partir desquels Sombre Rivière a creusé son lit. « Comment tu fais une passerelle entre des temps différents, entre des mondes différents ». Une Sombre Rivière qui devrait donc d’abord valoir par la traversée à laquelle elle nous invite.

Dominique Demangeot

Sombre Rivière, Théâtre National de Strasbourg, du 14 au 25 mars à 20h (sauf le 25 mars à 16h) – www.tns.fr

Pour découvrir le travail de Lazare, retour sur sa création de 2014, Petits contes d’amour et d’obscurité, au Granit de Belfort

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