Isabelle Bauthian – Sandrine Revel – Chroniques de San Francisco

BANDE DESSINÉE

Steinkis

La série de romans des Chroniques de San Francisco constitue l’un des grands succès littéraires de ces dernières décennies, entre 1978 et 2014. Armistead Maupin y dépeint les destinées d’un petit groupe de personnages dans la ville de San Francisco. Le 28, Barbary Lane est un lieu fictif, mais mythique, pour nombre de lecteurs et lectrices depuis plus de quarante ans, et jamais encore cette saga n’avait été adaptée en bande dessinée. C’est chose faite par les éditions Steinkis qui publient ce premier tome des Chroniques de San Francisco.

Chronique de San Francisco - Adaptation BD aux éditions Steinkis

Isabelle Bauthian est restée fidèle à la saga d’Armistead Maupin, et l’on suit les (més)aventures de Mary Ann Singleton, qui a quitté Cleveland pour faire sa vie à San Francisco. « La maison n’est pas grande, mais les gens sont sympas », fait remarquer Mme Madrigal, la logeuse de la pension de famille où atterrit Mary Ann. Dans les Chroniques de San Francisco, les personnages abondent, les couches sociales s’entremêlent dans ces romans à la structure particulière, composés de saynètes (Armistead Maupin débuta ces chroniques en les publiant quotidiennement dans le San Francisco Chronicle). Isabelle Bauthian conserve les moments clés de l’intrigue du premier roman publié en 1978, et qui ne manque pas de rebondissements. Pour celles et ceux qui ont également suivi les adaptations télévisées (étalées elle aussi sur plusieurs décennies), ils retrouveront les codes graphiques de l’histoire, de la rousse chevelure de Mona à la noire moustache de Michael « Mouse » Tolliver (les deux confidents de Mary Ann), sans oublier bien évidemment le « personnage » clé de la saga, la ville de San Francisco elle-même, avec ses rues pentues, ses ponts suspendus et ses maisons victoriennes, perchées sur leurs collines et nimbées de brume.

Quant à l’ambiance des chroniques, cette adaptation BD la rend parfaitement, entre comédies de mœurs (faussement légères) et peinture sociale, à une époque de transition, entre les derniers feux de l’utopie californienne et l’entrée dans des années 80 bien plus sombres et désabusées (apparition du SIDA, ultra-libéralisme…). Les Chroniques de San Francisco prennent aussi parfois des allures de roman policier avec quelques mystères bien amenés entourant certains des personnages. On suit avec plaisir leurs tribulations douces amères. Avec son trait assuré et son travail très personnel sur les couleurs, Sandrine Revel renouvelle l’intérêt graphique de l’histoire en l’amenant encore ailleurs. L’illustratrice sait aussi ménager quelques parenthèses sans parole qui restent pertinentes. Si l’intrigue est centrée sur le parcours initiatique de Mary Ann, les autres personnages seront eux aussi confrontés à des choix de vie, entre le rôle social qu’on leur impose et leur moi profond (et la société bourgeoise n’est pas mieux lotie ici). Dès la fin des années 70, Armistead Maupin (qui a d’ailleurs droit à son cameo dans la BD !) faisait office de pionnier en soulevant la question du genre devenue aujourd’hui centrale dans nos sociétés. Cette adaptation BD des Chroniques de San Francisco est une belle occasion de (re)découvrir son œuvre.

28 barbary lane, armistead maupin, bande dessinée, chronique BD, chroniques de san francisco, isabelle bauthian, sandrine revel, steinkis

Powered by WordPress. Designed by Woo Themes

WordPress SEO fine-tune by Meta SEO Pack from Poradnik Webmastera