Gros – L’enfer, c’est les enfants des autres

BANDE DESSINÉE

Editions du Chêne – 2016 –

Gros se trompe, l’enfer ce ne sont pas les enfants des autres, mais bien les autres, tout simplement. C’est bien Sartre qui avait raison…

Gros, L’enfer, c’est les enfants des autres, Editions du Chêne, 2016.Les autres qu’est-ce qu’ils peuvent nous emmerder avec leurs crétins de gamins, on doit les admirer en train de faire caca sur le pot, trouver formidable leurs dessins aussi moches qu’un graffiti de Louison sur une scène de crime, etc. Et quand on n’est pas chez les autres, que font-ils, ils nous envoient des photos du petit qui joue dans le bac à sable et on a le droit à une vidéo de la dernière s’essayant au chant. De quoi maudire les nouvelles technologies. Alors que les enfants des autres, en eux-mêmes, on les voit trop peu pour avoir le temps de les détester.

Ceux qu’on est en droit de haïr c’est les nôtres. De 0 à 25 ans ce n’est pas foutu de respecter le sommeil des autres. Bébé ça chouine à n’importe quelle heure, ado ça n’est pas capable de boire un whisky-coca sans le dégueuler sur la moquette du salon en rentrant. Quand ça quitte le domicile, on se croit enfin libéré mais zobi… Et que ça revient pour vous taxer du fric parce que tu comprends papa la banque elle nous fera jamais crédit si on n’a pas un apport, or la maison ce serait génial pour les enfants. Ces putains d’enfants qu’ils vous refilent à la moindre occasion pour aller en boîte de nuit et slalomer entre les platanes sur le chemin du retour sans même arriver à en percuter un. De belles crapules qu’on a fabriquées, avec l’espoir qu’ils nous torcheront lorsque l’on sera vieux et dont on se rend compte très vite qu’ils ne s’acquitteront jamais de la tâche. La retraite par capitalisation, ça n’a jamais marché…

Ne soyons pas naïf Gros sait bien tout ça… Il utilise un procédé classique de dissimulation bien connu dans l’histoire de la littérature. Quand Voltaire parle de jansénistes dans L’Ingénu c’est pour mieux attaquer les jésuites, il en va de même pour le dessinateur de Marianne qui ne peut avouer publiquement que ses enfants l’insupportent et choisit cet artifice bien compréhensible pour éviter le divorce et la réprobation sociale. On voit ainsi que papa sait se montrer aussi menteur et hypocrite que ses enfants.

Martial (fils indigne et futur père indigne) Cavatz

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